Un guide pour la sécurité des installations électriques des hôpitaux
Des incidents ont mis en lumière la vulnérabilité des systèmes d'alimentation. La fiabilité des installations dépend des contraintes propres à chaque établissement.
FRANCOIS SAGOT
Différents incidents intervenus sur les installations électriques des hôpitaux («Le Moniteur» du 10 décembre 1999, p. 102) ont incité le secrétariat d'Etat à la Santé à rédiger un guide de conception, de maintenance et d'exploitation des installations électriques. Ce document, qui fait suite à une circulaire en date du 6 octobre 1998, est le résultat d'un groupe de travail auquel les professionnels du secteur de la santé ont participé. Comme l'explique Jean-Pierre Coll, chef de bureau des opérations immobilières et logistiques (direction des hôpitaux, secrétariat d'Etat à la Santé), «ce guide, qui sera envoyé avant l'été aux directeurs d'établissement et aux responsables techniques, se veut avant tout un outil pédagogique afin de les aider à mieux comprendre les dispositifs. Il n'y a donc pas de mesures nouvelles, mais une incitation à analyser globalement le risque électrique afin de sécuriser les installations.»
Le ministère réfléchit, par ailleurs, à un texte réglementaire concernant les problèmes liés à l'alimentation et à la distribution de l'énergie électrique dans les établissements de santé. En France, il y en a 4 000, dont 1 100 hôpitaux.
Le réseau interne mal évalué
Les analyses menées à la suite des incidents font apparaître que, la plupart du temps, seule la défaillance du réseau public d'alimentation est étudiée. En revanche, celle d'un des constituants du réseau interne (disjoncteur, inverseur, automate programmable, chargeur de batterie) n'est pas vraiment prise en compte.
Par ailleurs, la fiabilité élevée, ou perçue comme telle, du réseau public a amené les chefs d'établissement à privilégier la fonction économique - par le biais du contrat EDF Effacement jour de pointe (EJP)-, par rapport à la fonction secours. Conséquence de cette situation : les groupes électrogènes sont raccordés sur le réseau haute tension, généralement au poste de livraison, créant ainsi un point critique.
En matière de maintenance, les experts estiment que tous les établissements procèdent bien à des essais de démarrage des groupes électrogènes, suivant des fréquences comprises entre une et quatre semaines. Mais ces essais ne sont souvent que des simulations de perte du réseau public, voire des simulations d'EJP, de manière à perturber le moins possible les services médicaux.
Or, ce type d'essai n'est pas suffisant, car il manque les défaillances éventuelles des sources, notamment les batteries qui s'avéreront indispensables en cas de disparition réelle du réseau public. Enfin, il ne donne aucune information sur les équipements du réseau interne.
Des lacunes en matière d'exploitation
En ce concerne l'exploitation des réseaux, qu'elle soit réalisée par le service technique de l'établissement ou confiée à un prestataire de services, les lacunes rencontrées sont de plusieurs ordres. Il s'agit surtout d'une mauvaise application des dispositions réglementaires telles que les délégations d'exploitation pour les grands établissements, l'organisation en situation d'incident, les moyens techniques disponibles, ou encore la formation du personnel.
PHOTO : La seule application des textes réglementaires n'est pas suffisante pour garantir la sûreté des installations électriques : le niveau de fiabilité à atteindre doit être évalué en fonction des contraintes spécifiques à chaque établissement.
«Il faut garantir la continuité d'exploitation»Gérard Rondé, responsable du pôle distribution électrique chez Séchaud et Metz. Les pertes d'alimentation électrique dans les hôpitaux, qui se produisent à l'occasion d'incidents affectant soit le réseau public, soit celui de l'établissement, sont liées à des dysfonctionnements de groupes électrogènes ou d'automatismes. Face à ces problèmes, il est difficile de donner des recommandations générales. Cependant, il est sûr que l'accroissement de l'exigence de qualité conduit à une recherche de sûreté de fonctionnement comparable à celle que l'on rencontre, par exemple, dans des aéroports.
De plus, on assiste à une complexité croissante des installations, souvent accentuée par des extensions successives des bâtiments. Afin de remédier à l'absence de plan directeur et de garantir la continuité d'exploitation, il faut procéder à une expertise extérieure. Un audit technique coûte entre 4 500 et 12 000 euros (30 000 et 80 000 francs).
En ce qui concerne les opérations de maintenance, il faut procéder à des essais périodiques des groupes électrogènes. Afin de ne pas essayer toute l'installation, il est préférable de procéder par sous-ensembles avant d'abaisser le disjoncteur source. La seule façon de savoir si une installation fonctionne est de l'essayer.
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