IFA 2014 : la maison connectée fait son show à Berlin
Comme l’an passé, la "smart home" a été la vedette du grand rendez-vous du "high-tech" européen, qui s’est tenu du 5 au 10 septembre dans la capitale allemande. Mais cette fois, l’introduction d’objets connectés dans le logement et les usages qu’elle génère sont devenus un marché bien réel, et non une simple curiosité.
Christophe Bourdoiseau
Dans dix minutes, il y a un match de foot à la télé ! « Zut, faut que je fasse la cuisine », dit le père à son fils. « Mais papa, tu peux regarder le foot sur l’écran du frigo », lui répond l’enfant. « Excellent, mon fils !». Le papa ordonne à sa montre connectée de basculer l’image de la télé sur le réfrigérateur. Le papa explique ensuite à son enfant les merveilles de sa maison connectée et montre le tableau de contrôle de la consommation énergétique sur la télévision. « Le soleil nous fournit actuellement 35% de l’électricité », explique-t-il à son fils. Il met ensuite un poulet au four en lançant sur son smartphone la cuisson préenregistrée et programmée. Et la maman, toujours au travail, observe avec attendrissement son mari et son fils sur son téléphone portable grâce aux webcams installées dans le salon. « Voilà ce qui vous attend dans le futur ! », lance en conclusion l’animateur du stand Samsung consacré à la "SmartHome". Le public applaudit timidement, époustouflé plus qu’enthousiasmé par cette scène de vie présentée par le groupe sud-coréen au salon IFA de Berlin. « Big Brother, c’est devenu une réalité », lâche un spectateur.
L’électroménager au premier rang
Le salon IFA, qui a enregistré en 2014 un nouveau record d’exposants, a démontré en tout cas que la maison connectée n’était plus un fantasme. « L’heure a sonné pour l’Internet des choses », lâche la responsable des produits connectés chez l’équipementier d’électroménager allemand Bosch. « Dans dix ans, tous les produits auront une connexion internet », ajoute-t-elle. Bosch, justement, et son compatriote Siemens lanceront en décembre des réfrigérateurs et des fours qui pourront être utilisés à distance. « Si vous faites vos courses sur le chemin du retour, vous pouvez regarder l’intérieur du frigo au supermarché pour savoir ce qu’il vous manque. Les deux caméras installées à l’intérieur sont directement reliées à votre smartphone », explique Cornelia Brunner, conseillère sur le stand Siemens. Et pour le consommateur, ce sera un jeu d’enfant, promettent les industriels. « Il suffit de savoir utiliser un smartphone ou un iPad », ajoute-t-elle.
L’énergie contrôlée
Cette révolution qui touche les industriels de l’électroménager concerne aussi le monde du bâtiment et de l’énergie. RWE, le premier groupe énergétique allemand, propose un kit "smarthome" pour 319 euros qui permet de gérer intelligemment sa consommation d’énergie. « Monsieur peut programmer sa douche à
24 degrés sur une musique rock. Madame, préfère 22 degrés avec du classique. Tout est enregistré. Il suffit de prononcer un mot : douche », explique Sami Akili, conseiller de RWE Effizienz. « Vous n’avez rien à faire pour l’installation », ajoute-t-il. Selon ses chiffres, plus de 100 000 foyers en Allemagne ont déjà installé ce kit dans leur maison.
L’opérateur téléphonique Deutsche Telekom s’est lancé lui aussi dans la bataille. « Les consommateurs sont très enthousiastes », assure un conseiller sur l’un des plus grands stands du salon. Selon lui, le kit vendu par Deutsche Telekom (300 euros) est remboursé au bout d’un à deux ans grâce aux économies d’énergies réalisées.
« Si vous avez du photovoltaïque sur le toit, vous pouvez programmer la machine à laver pour qu’elle se mette en marche pendant la période la plus lumineuse de la journée », explique-t-il. Cependant, pour équiper toute la maison, il faut relier chaque objet. « Si vous voulez connecter une lampe, il faut acheter une ampoule spéciale ou bien changer l’interrupteur », explique le conseiller au milieu d’une foule de curieux. Pour assurer le lancement de son offre, Deutsche Telekom a trouvé un partenaire prestigieux : BMW. Le constructeur automobile s’est lancé dans la partie, car l’application permet de contrôler toute sa maison depuis l’écran de sa voiture. « Là, j’ouvre les volets. Là, je ferme la lumière. Là, je mets en route le sèche-linge », explique un conseiller au volant du véhicule exposé au salon. Et il y a la queue pour essayer l’appli’.
Le frein de la compatibilité
Pour convaincre la clientèle, c’est surtout le thème de la sécurité qui a été mis en avant. Détecteurs de fumée, caméras anti-cambriolages, détection des fuites d’eau... « Si vous êtes en vacances, c’est bien pratique », lâche le conseiller Deutsche Telekom. Et l’assureur s’occupe de tout. Le seul frein reste la compatibilité entre les différents systèmes. Bosch et Siemens, les deux géants allemands de l’électrotechnique, s’appuient sur la technique "HomeConnect", tandis que Miele, Philips et Samsung utilisent l’application "Qivicon". « Vous ne pouvez pas connecter sur la même application certaines marques concurrentes », reconnaît la conseillère Siemens. Il faudra attendre encore quelques années pour avoir des standards dans ce domaine. « Mais je ne pense pas que le chauffage aura la même application que les machines à laver », croit-on savoir sur le stand de Bosch.
Cette évolution technologique pose enfin la question de la protection des données, sujet hautement sensible en Allemagne. Depuis l'affaire Snowden, les consommateurs sont devenus plus méfiants. Les exposants de l’IFA ont été confrontés aux questions des visiteurs sur la sécurité des transferts. Comment s’assurer que personne ne piratera les caméras du salon ou n’utilisera les données pour des raisons commerciales ? « Notre système est aussi sûr que la banque en ligne », répond Cornelia Brunner chez Siemens. Ce sera donc une question de confiance…
Plus d’information avec le BEM, la lettre de la construction à l’international
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