La silice fait trembler les maçons
Réunis en congrès à Annecy, les entrepreneurs de l’Union des métiers de gros œuvre (UMGO-FFB) expriment de fortes inquiétudes sur le projet de Bruxelles d’intégrer la silice cristalline alvéolaire dans la liste des minerais cancérigènes. Si tel était le cas, l’impact sur les chantiers serait immense.
J-M Matalon
Après l’amiante, la silice ? Réunis en congrès à Annecy (Haute-Savoie), les entrepreneurs affiliés à l’Union des métiers de gros œuvre (UMGO-FFB) ont exprimé le 12 septembre leur crainte de voir bientôt un minerai naturel -le plus répandu de l’écorce terrestre- faire l’objet d’une réglementation aussi contraignante que celle qui encadre depuis plusieurs années l’exposition des travailleurs à l’amiante. Cette inquiétude est fondée sur l’annonce de la prochaine modification de la directive européenne 2004/37/CE du 29 avril 2004 qui définit une liste de produits « cancérigènes ou mutagènes ».
Selon l’UMGO, les fonctionnaires de Bruxelles seraient en effet en train de plancher sur la possibilité d’inclure la « silice cristalline alvéolaire » dans l’inventaire des agents minéraux dangereux. L’impact de cette décision, si elle se confirmait, serait immense pour les professionnels du bâtiment. Et pour cause, quasiment toute la filière de l’acte de bâtir repose sur des travaux mettant en œuvre des matériaux susceptibles d’exposer les salariés à l’inhalation des poussières de silice cristalline.
Une nouvelle directive attendue dans les prochains mois
A l’état naturel, la silice cristalline (notamment le quartz) est présente dans la plupart des roches et des sables intégrés aux matériaux de construction. Le béton, la pierre, le mortier, le plâtre, le carrelage, la céramique, la brique, l’ardoise, voire le ciment, contiennent effectivement des fragments ou des poussières de silice. Autant dire que la menace de voir une nouvelle prescription sanitaire s’appliquer sur les chantiers est prise très au sérieux par les professionnels du bâtiment.
« Si cela débouche sur une réglementation du même type que la réglementation sur l’amiante, cela risque de carrément bloquer l’activité », prévient Didier Brosse, le président de l’UMGO.
La nouvelle directive devrait être publiée dans les prochains mois, « au plus tôt avant la fin de l’année 2014 », croit savoir le syndicat de la maçonnerie.
Si à l’heure actuelle la silice n’est pas jugée explicitement cancérigène par la commission européenne, mais elle l’est déjà à l’échelle internationale puisque le Centre international de recherche sur le cancer (CIRC) décrit ce minerai comme un « produit cancérigène avéré ».
En France, la silice est classée par les autorités sanitaires comme un « agent chimique dangereux avec une valeur limite d’exposition professionnelle contraignante de 0,1mg/m3 pour les poussières alvéolaires de quartz, valeur limite d'exposition professionnelle (VLEP) calculée sur une durée de 8 heures. « Il est difficile d’apprécier dans quelle mesure les activités du bâtiment amènent réellement à dépasser cette valeur limite », observe toutefois l’UMGO.
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