La santé financière des entreprises du BTP reste fragile, selon deux études
Deux études publiées le 24 octobre par BTP Banque et KPMG constatent que la baisse de l'activité dans le secteur du BTP aggrave la rentabilité, la trésorerie et la valeur ajoutée des entreprises. Un petit mieux toutefois, après cinq années de détérioration, ces indicateurs se stabilisent. Mais l'année 2015 s'annonce difficile pour le secteur.
Timothée L'Angevin
La baisse de l'activité continue à aggraver la santé des entreprises du BTP, s'alarment deux études publiées le 24 octobre par BTP Banque et KPMG. En s'appuyant sur le bilan de 5000 de ses clients spécialisés dans le gros-œuvre, le second-œuvre et les travaux publics, la première, BTP Banque, filiale du Crédit Coopératif, constate une concurrence forte et des prix de plus en plus bas qui impactent la marge des entreprises. KPMG, qui a interrogé 403 dirigeants d'entreprises, pointe la dégradation de la trésorerie et le peu d'embauches prévues dans les six prochains mois.
La rentabilité des entreprises a été divisée par deux entre 2008 et 2013, commence l'étude de BTP Banque. Leur valeur ajoutée a atteint, après quatre années de détérioration, un niveau très bas. Mais ces deux indicateurs semblent se stabiliser. Le nombre d'entreprises déficitaires se maintient autour de 15 % en 2013, après un nombre croissant d'entre elles en perte entre 2008 et 2010. L'étude pointe la faiblesse des résultats qui ne permettent pas de renforcer la situation financière.
Dégradation de la trésorerie
Quant à la trésorerie des entreprises, elle se détériore depuis cinq ans, conséquence d'une structure financière qui s'érode, de comptes clients trop lourds et de difficultés croissantes dans l'encaissement des créances. L'étude observe que les délais de paiement des fournisseurs sont de plus en plus courts et ne sont pas compensés par ceux des clients qui, au contraire, se sont allongés. Ces paramètres continuent de fragiliser les trésoreries et génèrent une augmentation du besoin en fonds de roulement.
Du côté des dirigeants d'entreprises interrogés par l'institut IFOP pour KPMG, près de la moitié prévoient une stabilité de leur trésorerie dans les six mois à venir. Pourtant, plus d'un tiers estiment qu'elle va, au contraire, se détériorer.
Par ailleurs, seuls 9% des chefs d'entreprise envisagent d'embaucher d'ici six mois. Un chiffre qui chute à 3% pour le secteur du gros œuvre.
Les dirigeants espèrent un geste des pouvoirs publics
Un autre problème concerne les difficultés à mieux valoriser leurs prix de vente. Si 64% maintiendront leurs tarifs, certains (26%) seront contraints de les faire baisser pour gagner des marchés. « La juste valorisation du prix de vente est une donnée clé dans les composantes de la croissance et de la rentabilité, explique Annie Chauzu, associée KPMG et responsable du réseau entrepreneurs du bâtiment. Une trop forte pression sur ces prix peut avoir de graves conséquences sur la pérennité des entreprises. »
Dans cette morosité ambiante, les dirigeants attendent un geste des pouvoirs publics pour redynamiser le secteur. Selon 24% d'entre eux, l'assouplissement des règles sociales serait l'un des leviers de croissance. 22% espèrent des mesures fiscales incitatives et 16%, une relance des investissements dans les grands chantiers publics.
Mais avant tout, les chefs d'entreprise pensent à développer leur carnet de commandes. C'est le cas pour 38% d'entre eux. Parmi les entreprises d’ingénierie et d’architecture, ce chiffre passe à 47%.
Signes de stabilité, voire d'amélioration
Claude Lavisse, Président du Directoire de BTP Banque, note, « selon les secteurs d'activités », quelques signes de « stabilité voire d'amélioration. Néanmoins, la prudence reste de mise, car si nous ne pouvons pas parler de reprise, l'annonce récente de mesures en faveur du secteur apporte un peu d'espoir. »
« Les entreprises du bâtiment veulent résister à la crise, conclut pour sa part Annie Chauzu. Elles s'organisent et s'adaptent aux diverses propositions gouvernementales. » Mais selon elle, « les indicateurs économiques ou financiers » seront à observer avec grande attention dans les prochains mois.
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