SMCL : Le BTP confronté au tsunami territorial

Baisse des dotations, réforme territoriale, cycle électoral...pèsent sur l'investissement public local. Les élus, réunis au Congrès des maires et au Salon des maires et des collectivités locales (SMCL) les 25,26 et 27 novembre, chercheront des solutions.

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SMCL : Le BTP confronté au tsunami territorial
Jacques Pélissard, président de l'Association des maires de France

«La baisse des dotations de l’Etat tétanise les élus. La réforme territoriale ajoute du flou. Les collectivités manquent de visibilité. Elles ne savent pas où se situer. Du coup, elles mettent en stand-by leurs investissements. » Thierry Maillard, président du syndicat des TP de Dordogne et P-DG de la société ERCTP à Boulazac (80 salariés) résume la situation. L’investissement public local est en passe de s’effondrer : - 10 % attendus en 2015. La baisse des dotations de l’Etat est de 11 milliards d’euros mais va représenter en réalité, selon les associations d’élus, une perte totale de 28 milliards entre 2014 et 2017 pour les collectivités. Or, ces dernières réalisent plus de 70 % des investissements publics. « La baisse des dotations est beaucoup trop brutale et importante, estime Charles-Eric Lemaignen, nouveau président de l’Association des communautés de France, qui prône notamment une diminution ou un étalement de la baisse des dotations. Le bloc local (communes et intercommunalités) est en bout de chaîne et subit, en outre, la contraction des subventions et des financements croisés octroyés par les départements et les régions.

Triangle des Bermudes

Les collectivités se situent « dans un triangle des Bermudes », analyse André Laignel, vice-président de l’Association des maires de France (AMF). L’inquiétude règne « pour des raisons financières et institutionnelles. On ne sait pas quel sort la Nation veut réserver à la commune ». Idem pour les départements : un coup ils disparaissent, un coup ils survivent, un coup seulement certains d’entre eux se maintiennent. La carte administrative n’a jamais aussi été mouvante : régions redessinées, création des métropoles. L’incertitude institutionnelle devrait subsister encore un moment. Le projet de loi NOTRe, pour « Nouvelle organisation territoriale de la République », qui sera examiné au Sénat à partir de la mi-décembre, est le cœur du réacteur. Il répartira les compétences entre niveaux de collectivités. Un schéma se dessine peu à peu avec des super-régions et des intercommunalités fortes. Les départements seraient en sursis jusqu’en 2020. Les communes ont fait un pas pour réduire l’émiettement communal. A l’initiative du président de l’AMF, Jacques Pélissard, une proposition de loi est en cours d’examen devant le Parlement pour inciter les regroupements dans les communes nouvelles.

Routes et collèges en sursis

Quant à la répartition des compétences, le développement économique, l’accompagnement des entreprises, les transports, les mobilités, l’aménagement du territoire pourraient revenir à des régions stratèges. Le transfert des routes et des collèges aux régions a également été évoqué à maintes reprises mais, début novembre, devant le congrès des départements de France, le président de l’Association des régions de France, Alain Rousset, s’y est déclaré hostile, pour des raisons de maintien des liens de proximité. Dans son discours sur la réforme territoriale devant le Sénat le 28 octobre, Manuel Valls a défendu la compétence de solidarité des départements, « par exemple en matière d’ingénierie territoriale ». Les choix sont loin d’être arrêtés. A ce flou institutionnel s’ajoutent d’autres facteurs d’incertitude (réforme des services de l’Etat, contractualisation Etat-région…), mais aussi le début de mandat pour les maires. Une période où les projets ne sont pas encore lancés, mais où les arbitrages se font. « Nous n’avons jamais été dans ce type de situation depuis le début des années 1980 et la décentralisation, témoigne Stéphane Pintre, président du Syndicat national des directeurs généraux des collectivités territoriales. Nous sommes inquiets. » Sur le terrain, les effets de la tempête financière et institutionnelle se font déjà sentir. « Certaines collectivités locales peinent à nous payer et dépassent très largement le délai légal de quarante-cinq jours », note Patrick Vrignon, de BTP Consultants (300 salariés) en Ile-de-France. Les entreprises du BTP ont commencé « à baisser leurs prix, ce qui fait peser un risque sur la qualité de l’exécution des marchés », constate Jean-Pierre Auger, président de l’Association des ingénieurs territoriaux. Autres conséquences : lors du transfert des routes du conseil général des Alpes-Maritimes à la Métropole Nice Côte d’Azur, Philippe Renaudi, dirigeant du groupe de TP Tama (140 salariés) se souvient d’une « situation inconfortable, avec des interlocuteurs qui avaient changé et que je connaissais mal ».
Certains projets sont bloqués ou remis à plus tard. La mise en place de la métropole à Lyon « a bloqué tous les projets depuis un an, ceux de la communauté urbaine comme ceux du conseil général. Pour l’instant, tout est flou quant aux interlocuteurs et aux budgets alloués à la future métropole et au nouveau Rhône, explique Alexis Buffin, dirigeant de Buffin TP (37 salariés). Résultat : il ne se passe plus rien au niveau des travaux. Notre carnet de commandes est de cinq mois aujourd’hui, contre dix mois il y a un an à la même époque ». Et cela risque de durer…

Le point de vue des maires - « Le bloc communal n’aura plus les moyens d’assurer la croissance »

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Les maires restent-ils déterminés à investir ?

Ils n’ont plus de marge de manœuvre. Les investissements des régions et des départements ont déjà commencé leur repli. Du fait de la baisse drastique des dotations, le bloc communal n’aura plus les moyens d’assurer la croissance dans les territoires.

L’Assemblée nationale a voté une dotation de soutien à l’investissement local. Qu’en pensez-vous ?

Il ne s’agit pas d’une nouvelle dotation, mais de la redistribution arbitraire d’une dotation existante. Au détour d’un amendement, le gouvernement a supprimé les fonds départementaux de péréquation de la taxe professionnelle, dotés de 423 millions d’euros, pour les remplacer par cette dotation. Cela contrevient à l’autonomie des collectivités locales, puisque la répartition antérieure était effectuée par le département pour les communes, alors qu’elle le sera désormais par l’Etat. On s’éloigne des besoins locaux.

Quel doit être le rôle des communes et des intercommunalités ?

La réforme territoriale doit être conduite par les élus locaux au plus près des réalités du terrain. Or, le texte actuel donne davantage la part belle aux régions. Il confine le bloc communal au rôle de « sous-traitant », en leur imposant, éventuellement, des dépenses supplémentaires. La vraie réforme doit venir du terrain, des communes et des maires ! La proposition de loi sur les communes nouvelles que j’ai déposée repose sur une démarche volontaire des communes. Il s’agit de renforcer leur place et leur fonction de proximité en faisant vivre pleinement la clause de compétence générale.

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