ANRU 2 : le temps des critiques a sonné
Pas de répit pour le nouveau programme de renouvellement urbain. Alors que l'Union Sociale pour l'Habitat promet d'être au rendez-vous, l'association des maires des grandes villes de France émet de sérieux doutes sur l'effet de levier de 20 milliards d'euros promis par le gouvernement. L'association s'inquiète également des conditions de financement du programme, alors que les baisses des dotations plombent les budgets des collectivités locales.
Barbara Kiraly
Après les annonces, vient le temps des réactions. Alors que le président de la République François Hollande a lancé le nouveau programme de renouvellement urbain (NPNRU) doté de 5 milliards d’euros sur 10 ans lors de son déplacement le 16 décembre 2014 dans le Nord-Pas-de-Calais (voir notre article), les principaux concernés réagissent.
La première réaction, celle de l’Union Sociale pour l’Habitat (USH), se veut rassurante. Pour le représentant des opérateurs HLM, les 5 milliards d’euros du NPNRU seront « accompagnés d’un investissement majeur des organismes HLM qui prévoient de mobiliser 10 à 12 milliards d’euros pour la mise en œuvre du NPNRU. » Rappelons que le gouvernement promet un effet de levier de 20 milliards d’euros sur 10 ans, ce qui permettrait de créer 240 000 emplois dans le BTP. Si l’USH va dans le sens du gouvernement, ce n’est pas le cas de l’association des maires des grandes villes de France (AMGVF). Pour l’association, le NPNRU va « dans le bon sens » mais ses conditions de financement l’inquiètent à double titre.
L’Etat trop optimiste sur l’effet de levier selon l’AMGVF
L’AMGVF estime d’abord que « l’effet levier escompté de 20 milliards d’euros, sur les dix prochaines années, parait assez hypothétique, dans un contexte de baisse historique des dotations de l’Etat aux collectivités et alors que les financements croisés risquent de se réduire. » Les villes concernées par le NPNRU auront-elles les moyens d’accompagner les projets de renouvellement urbain ? La question est sur toutes les lèvres. A Cléon, une ville « entrante » de la politique de la ville située en Seine-Maritime, « tout sera mobilisé prioritairement sur ces grands projets d’aménagements », assure Alain Ovide, son maire.
Mais l’effet de levier n’est pas le seul point souligné par l’AMGVF. L’association pointe également les conditions de financement même du NPNRU. Le nouveau programme de renouvellement urbain s’étire jusqu’en 2024 alors même que « certaines conventions du premier programme ne sont pas encore échues et courront, pour certaines d’entre elles, jusqu’en 2017-2018 ». En d’autres termes, certaines collectivités devront supporter le financement de deux conventions en même temps. La première convention, issue du premier programme de renouvellement urbain arrivant à terme en même temps que la seconde convention, signée dans le cadre du deuxième programme ANRU. Jean-Luc Moudenc, président de l’association, enfonce le clou et s’interroge sur « la faisabilité des chantiers de renouvellement urbain à partir de 2019, alors que la convention signée récemment entre l’Etat et Action logement s’achèvera précisément à cette date, et ce avec des moyens décroissants ». Rappelons que l’UESL-Action Logement a signé une convention quinquennale courant de 2015 à 2019.
Enfin, l’association tire à boulet rouge sur les opérations d’intérêt régional, ces 200 quartiers qui recevront 17% des 5 milliards d’euros du NPNRU. Jean-Luc Moudenc pointe « le risque de saupoudrage des crédits » et affirme être attentif à ce que ces programmes « n’alimentent les critiques en illisibilité et confusion, souvent instruits dans le passé contre les dispositifs de la politique de la ville ».
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