Plan de relance du logement : " Elus et professionnels doivent se mobiliser dès maintenant", selon Cinov
Dominique Sutra Del Galy, président de Cinov (fédération de syndicats de métiers de la prestation intellectuelle du conseil, de l’ingénierie et du numérique) réagit aux mesures gouvernementales pour doper la construction de logements. Pour lui, la difficulté réside essentiellement dans la mise en oeuvre, au niveau local, des mesures annoncées.
Propos recueilis par Dominique Errard
Le plan de relance du logement répond-il à votre attente ?
La dynamique est lancée. Le gouvernement joue son rôle, à son niveau, en annonçant les mesures pour créer l’effet de levier qui doit doper la construction de logements. Ces mesures, positives, devront rapidement se concrétiser sur le terrain. C’est là toute la difficulté de l’exercice. Les rouages administratifs, la multiplicité des acteurs assurant souvent la solvabilité d’une opération de logements, les nombreuses exigences techniques… présentent de réelles complexités qui sont autant de freins à la mise en œuvre rapide et efficace d’un plan d’urgence. Supprimer des règles n’efface pas les problèmes.
Il faut certes simplifier et innover, mais également investir. Or, sur ce dernier point nous sommes inquiets de la baisse drastique des dépenses d’investissement des collectivités locales. Ces dernières doivent faire face à des dépenses de fonctionnement trop lourdes. Les conséquences sont dramatiques pour les professionnels du bâtiment et l’ingénierie en particulier. Elles le seront demain pour les usagers et l’intérêt général. Le gouvernement doit d’urgence aider financièrement les collectivités qui investissent.
Vous doutez du succès à venir du plan de relance ?
L’Etat n’a pas tous les pouvoirs pour agir sur le terrain. Pour que ce plan réussisse, tous les acteurs locaux doivent se mobiliser dès maintenant. Les professionnels du bâtiment doivent faire remonter les difficultés qu’ils rencontrent. Le Conseil supérieur de la construction n’est pas créé pour répondre à un exercice de style. C’est, aujourd’hui, la seule institution où les professionnels vont pouvoir se parler. Le secteur du bâtiment doit prendre son avenir en main et guider le gouvernement sur les changements à opérer sur le terrain. Saisissons cette opportunité et mettons-nous autour de la table pour parler de sujets complexes et parfois tabous tels que l’amiante, l’accessibilité, la sécurité incendie, le sismique… Quant aux acteurs publics, ils ont la lourde responsabilité de diffuser et d’accélérer la dynamique impulsée par le gouvernement dans un contexte réglementaire parfois protecteur à l’excès. A eux de s’appuyer sur les professionnels pour apporter les bonnes réponses.
Quel rôle l’ingénierie peut-elle jouer ?
Simplifier la construction ne signifie pas alléger les prestations intellectuelles. Bien au contraire. Il faut plus d’intelligence pour construire mieux, plus vite et moins cher. Nous entendons beaucoup parler d’innovation mais rechignons trop à la traduire en actes : c’est pourtant la clé du succès. La maquette numérique est par exemple l’outil dont la construction, et le logement en particulier, a besoin pour progresser en process. Le coût global est la démarche dont le logement a besoin pour notamment maîtriser ses coûts d’exploitation et peser moins lourd dans le budget des Français.
La maîtrise d’œuvre est le facilitateur dont la construction a besoin pour mettre en œuvre ces innovations qui peinent tant à se généraliser. L’ingénierie, grâce à l’assistance à maîtrise d’ouvrage, doit être mobilisée pour débloquer l’innovation et les projets en souffrance... La complexité est son domaine et la simplification son fonds de commerce.
Plan de relance du logement : " Elus et professionnels doivent se mobiliser dès maintenant", selon Cinov
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir