Logement : les entrepreneurs redoutent l'effet-retard du plan de relance
Même si ils approuvent globalement les mesures gouvernementales, les chefs d’entreprise du bâtiment soulignent que l’impact du plan Valls sur les trésoreries et l’emploi ne sera pas sensible avant deux ans. D’ici là, les Pme devront continuer à faire le dos rond. Témoignages de sept entrepreneurs en région.
La rédaction régionale du Moniteur
Pierre Bonche, président de l’entreprise de finitions Estrat Bonche à Lyon (30 salariés)
« Les mesures visant la libération du foncier sont importantes. Gageons que la limitation dans le temps de l’abattement exceptionnel de 30% incitera les détenteurs de foncier à vendre des terrains. Je trouve dommage cependant que le levier sur les droits à construire supplémentaire en zone urbaine n’ait pas été actionné. Par ailleurs, les mesures pour relancer l’investissement locatif vont dans le bon sens. Il faudra faire un travail de communication important pour expliquer les nouveaux dispositifs et les avantages fiscaux associés. Sur l’acquisition de logements neufs, pourquoi avoir limité la TVA à 5,5% à aux ménages modestes et aux quartiers prioritaires ? Globalement, ces mesures n’auront pas d’impact sur le secteur du bâtiment avant deux ans, temps minimum nécessaire pour lancer un projet. Seuls les travaux de rénovation peuvent avoir un effet immédiat pour relancer l’activité du bâtiment. Malheureusement, je crains que les mesures annoncées ne soient pas à la hauteur des enjeux. Je suis RGE et je n’ai aucune demande de clients ! Sans incitation fiscale forte, les ménages n’entament pas de tels travaux ».
Renaud Bonnel, PD-G de l’entreprise de maçonnerie Bonnel à Champigné (Maine-et-Loire) (137 salariés)
« Les mesures annoncées vont dans le bon sens. Il faudra néanmoins attendre deux ans avant que ce plan de relance n’infuse dans l’économie réelle. D’ici là, les PME vont devoir continuer à faire le dos rond. Notre stratégie est de diversifier notre carnet de commandes pour sécuriser l’entreprise. Si nous réalisons environ 120 logements par an, nous travaillons également dans les secteurs du tertiaire, de la rénovation, du patrimoine et des monuments historiques… ».
Michel Dumonté, gérant de Sogec, entreprise de gros œuvre à Sainte-Livrade-sur-Lot (Lot-et-Garonne) (45 salariés) et ancien responsable d’un patrimoine HLM au sein d’une filiale de la Caisse des dépôts et de consignations.
"Il était temps ! Il fallait agir sur la solvabilité des primo-accédants. Tant qu'on n'avait pas résolu ce problème, on ne pouvait pas régler celui du bâtiment. Selon moi, c'est la principale entrave à la construction de logements. D'ailleurs, depuis 2004, on n'arrive pas à atteindre les objectifs du nombre de logements à construire. Or, je considère que ce sont nos jeunes acquéreurs d'un premier logement qui tirent la construction. Le soutien au dispositif de défiscalisation est un autre point positif".
Thibault Delepouille, PD-G de Pouchain SAS, entreprise de génie électrique et énergétique à La Chapelle d’Armentières (59) (330 salariés)
« Nous sommes pleinement satisfaits. Ce plan va dans le bon sens. Nous souffrions d’un manque de visibilité, pour ne pas dire que nous nous trouvions dans le flou le plus total, or les annonces qui ont été faites contribuent à recréer un climat de confiance. Les décisions prises ont, effet, le grand mérite d’aller dans le sens d’une simplification et d’un assouplissement des dispositifs, ce qui devrait permettre de libérer l’accession à la propriété et l’investissement locatif. On nous promet, en outre, une mise en œuvre rapide, et c’est très bien car nous n’avions plus le temps d’attendre. Un tiers des dépôts de bilan en France concerne aujourd’hui des entreprises du bâtiment. Reste désormais à travailler sur la question des réglementations qui ne peuvent être partout les mêmes. Là aussi, il y a une marge de manœuvre à trouver. »
Jean-Marc Kornacker, gérant de Mader, entreprise de Guebwiller (Haut-Rhin) principalement spécialisée dans le gros œuvre (200 salariés)
« En entendant les mesures, ma première réaction a été de me dire : enfin ! Enfin le gouvernement a compris que le BTP était une force vive du pays, enfin il s’intéresse à nous ! Le contenu des mesures annoncées est en effet très positif, même si je redoute la force d’inertie dans l’application de ce plan. Si l’on met deux ans à sortir les décrets, ce sera trop tard et les plans sociaux se seront succédé, car le creux de la vague, la profession le vit maintenant, les mises en chantier sont au plus bas. On ne peut que souhaiter que le délai d’instruction des permis de construire soit accéléré, mais encore faut-il que des permis soient déposés. La simplification des normes constitue un autre point hautement souhaitable, mais là encore il faut aller vite, car on croule sous la paperasserie aujourd’hui ».
Jean-Pierre Cananzi , dirigeant de l’entreprise générale Senec à Toulon (Var) (100 salariés)
« Si les mesures vont dans le bon sens, elles risquent de prendre du temps pour produire leurs effets et ne suffiront pas pour relancer significativement l’activité du BTP. Nous n’avons pratiquement pas construit de Duflot dans Var. Le gros problème dans la région reste le foncier et les mesures annoncées ne produiront pas d’effets à court terme. Idem pour la simplification des normes et des règlementations, l’arlésienne du secteur. Il y a une prise de conscience mais nous continuons à nous débattre quotidiennement dans les difficultés d’obtention de permis et les lourdeurs administratives. Une véritable relance du secteur passerait par l’annonce d’une série de grands travaux, seuls en mesure de sortir le BTP de la récession ».
Francine Prunier, P-DG de SABP au Raincy (Seine-Saint-Denis) (160 salariés)
« Les mesures annoncées par le Premier ministre vont dans le bon sens. Je regrette cependant que la disposition visant à accélérer la cession des terrains à bâtir ne soit pas envisagée au-delà de la fin 2015. Ce plan ne pourra avoir d’effet que si, une fois les programmes commercialisés par les promoteurs, les permis de construire ne sont pas bloqués par des recours abusifs. Et son impact ne sera pas immédiat. Nous allons souffrir en 2015 car les appels d’offres permettant de remplir les carnets de commandes n’ont pas été lancés ».
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