Zones inondables : et si nous construisions des maisons qui flottent ?

Une agence d’architecture britannique spécialisée dans la construction en zones inondables a conçu une maison qui s’élève verticalement quand l’eau monte et redescend une fois la crue passée. Une innovation qui pourrait bien inspirer nos maîtres d’œuvre.

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Zones inondables : et si nous construisions des maisons qui flottent ?
Posée dans un bac, la maison s’élève avec la montée des eaux, à la manière d’un navire

 Klaus, Xynthia… les épisodes d’inondations tragiques se succèdent et pourtant, aucune solution technique constructive innovante, permettant d’adapter les nouvelles constructions à la montée des eaux, n’a jusqu’à présent vu le jour. A l’aube de la généralisation des habitations à énergie positive, nous bâtissons encore des habitations à la merci d’aléas climatiques prévisibles.

Si, chez nous, la problématique de l’habitat en zone inondable ne passionne pas les cercles de réflexions sur la construction de demain, Outre-Manche, l’agence d’architecture Baca  mène, avec le « UK Departement for Environnement, Food and Rural Affairs »,  un important travail de recherche baptisé « Life », acronyme de « Long Term Initatives for Flood-risk Environnements », autrement dit l’élaboration de stratégies durables pour zones inondables.

Une maison qui flotte, sans donner le mal de mer

Forts de cette étude et de leur expérience dans les polders aux côtés du constructeur néerlandais Dura Vermeer, les architectes de Baca ont conçu, avec les ingénieurs du bureau d’étude structure Teckniker et la société spécialisée dans les infrastructures marines HR Wallingford, une maison qui ne craint pas les inondations.

Nommé « paysage intuitif » par ses concepteurs, le jardin sur deux niveaux entourant la maison doit permettre d’informer les occupants de l’arrivée d’une inondation. Une fois la partie basse immergée, les habitants peuvent s’attendre à ce que l’eau arrive prochainement à leur porte. Mais avec cette maison amphibie, aucune chance d’avoir les pantoufles trempées. Etant posée dans un « bassin à flot », la maison s’élève au fur et à mesure que l’eau remplit ce bac formé de palplanches d’acier. La dalle de béton qui recouvre l’étage inférieur de la maison joue alors le même rôle que la coque d’un navire.

L’équipe de maîtrise d’œuvre s’est appuyée sur le principe de la poussée d’Archimède, selon lequel tout corps plongé dans l’eau est soumis à une force qui s’oppose à la force de gravité. Et de manière à ce que les futurs occupants passent les crues comme si de rien n’était, elle a veillé à ce que le poids de la maison s’équilibre avec la force de flottabilité. Elle a donc joué sur la  masse de la fondation en béton pour compenser la légèreté de la structure bois. Ainsi, pour que les crues ne donnent pas aux occupants le mal de mer, l’habitation a une masse équivalente à celle de 170 voitures.

De manière à guider le mouvement de la maison, quatre poutres d’acier se dressent le long de rainures dessinées dans les parois latérales de la maison. Ainsi la maison ne se déplace que sur un axe perpendiculaire au sol et l’épisode de crue ne fait pas tanguer les occupants. Et, pour pouvoir faire face à une crue centennale – crue majeure survenant avec une fréquence d’environ un siècle -, la maison peut s’élever jusqu’à 2,7 m au-dessus du niveau du sol.

Pour des raisons de sécurité, le gaz est proscrit. Et, afin que cette maison flottante électrique reste fonctionnelle durant une période d’inondation, les conduites d’eau potables et usées ainsi que les gaines électriques sont flexibles et peuvent s’allonger de 3 mètres.

Implantée au milieu de la Tamise, sur un îlot inondable, cette maison innovante, qui devrait être habitée avant la fin de l’année, ne pourrait-elle pas devenir la solution standard pour toutes les zones inondables d’Europe ?

Plutôt que de la surélever, plonger la dans l’eau, vous gagnerez des m²

L’équipe de maîtrise d’œuvre estime que cette habitation amphibie, qui nécessite l’installation de deux  fondations – celle du bassin et celle de la maison - engendre un surinvestissement de l’ordre de 15 à 20% par rapport à une maison similaire traditionnelle. Mais d’après l’agence Baca, le coût n’est pas plus élevé que celui d’une maison surélevée et, la hauteur d’une nouvelle construction étant limitée par l’équivalent anglais de notre Plan local d’Urbanisme, les architectes britanniques mettent en avant le fait que leur maison flottante permet de disposer, pour une surface au sol identique, de plus de m² de surface habitable. L’autre avantage est la préservation d’un accès direct sur le jardin.

Mais vivre dans une maison qui flotte fait de vous un « marin ». Rappelant qu’un navire doit régulièrement passer un contrôle technique, l’équipe de maîtrise d’œuvre préconise de tester tous les cinq ans la flottaison de la maison.

Si Baca compte bien multiplier le nombre de « maisons navires », elle réfléchit également à l’adaptation des habitations existantes. Avec Aquobox, société britannique spécialisée dans les solutions de gestion des inondations, l’agence d’architecture va réaliser un prototype qui accumulera les solutions techniques permettant de faire face à une crue. La maison truffée d’équipements résistants aux inondations, comme une cuisine ne craignant pas la montée des eaux, sera exposée dans l’«Innovation Park », parc de l’agence de certification environnementale britannique Breeam, à une trentaine de kilomètres au nord de Londres, dans la ville de Watford.

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