« Le Bepos sera un habitat passif », Etienne Vekemans, président de La Maison Passive
A quelques jours de la 9ème édition de Passi'Bat (les 25 et 26 novembre, au Parc Floral de Paris), Etienne Vekemans dresse le bilan de cette construction à très faible consommation. Pour le président de La Maison Passive, association implantée à Paris, qui promeut le bâtiment passif et composée d'architectes, de membres de bureaux d'étude et de professionnels du secteur, elle se positionne comme une référence.
Propos recueillis par Timothée L'Angevin
Lemoniteur.fr : Quelle est la place de l'habitat passif en France ?
Etienne Vekemans : Sur les 30 000 bâtiments passifs construits et rénovés à travers le monde, il y en a 2000 en France, dont 200 ont été certifiés Passivhaus (Bâtiment Passif en allemand). Si ce phénomène semble isolé, notamment en comparaison avec nos voisins européens, c'est que nous sommes encore au début du chemin. En France, 30 000 professionnels sont d'ores et déjà concernés. En France, le projet a vu le jour en 2007. Il faut donc prouver que ça marche. D'autant que dans une logique de réduction des émissions de CO2 et d'augmentation du prix des ressources fossiles, l'habitat passif représente une vraie solution durable.
Jusqu'à présent, il n'a été intégré dans aucune règlementation thermique (RT 2005/RT 2012). Qu'en sera-t-il de la prochaine ?
E. V. : Nous avons pu échanger avec le groupe de réflexion Plan Bâtiment Durable. C'était constructif, mais l'habitat passif est loin de devenir une généralité. Pourtant il va au-delà de la RT 2012 : sa consommation de chauffage n'excède pas 15 kWh/m²/an (50 pour la RT 2012) et 120 kWh/m²/an tous usages confondus. A nous de convaincre d'abord les professionnels du bâtiment de la pertinence de cette construction. Nous commençons tout juste à avoir des retours significatifs du premier prototype qui a été réalisé à Darmstadt, près de Francfort, il y a 25 ans. Et ils sont encourageants : les performances mesurées lors de la conception n'ont toujours pas bougé !
Pourtant, le Bepos (bâtiment à énergie positive) semble se positionner comme une référence pour l'avenir.
E. V. : Selon Effinergie, le Bepos est un bâtiment dont la différence entre la production et la consommation d'énergie pour le chauffage est égale ou supérieure à zéro. Et que celle-ci doit provenir, dans une très large mesure, de sources renouvelables. L'habitat passif pour sa part, se chauffe avec la chaleur dégagée par les êtres vivants, les appareils électriques, et celle apportée par l'ensoleillement. Une ventilation double flux l'empêche de s'échapper par les murs, comme c'est le cas dans un bâti traditionnel. Les très faibles apports en chaleur encore nécessaires peuvent être effectués grâce à un chauffage d'appoint, même si certains utilisateurs ont fait le pari de ne jamais l'allumer !
Donc avant de penser à la production d'énergie, il faut d'abord se concentrer sur la sobriété, sur les consommations inutiles des bâtiments : supprimer les ponts thermiques, améliorer l'étanchéité à l'air, perfectionner l'isolation des portes et des fenêtres. Si la RT 2020 se base sur la Directive européenne sur la performance énergétique des bâtiments, qui exige que la consommation énergétique d'un bâtiment soit quasiment nulle, le Bepos sera un habitat passif !
Existe-t-il une synergie européenne ?
E. V. : Elle est même mondiale ! Il y a un cinquantaine d'associations passives présentes dans autant de pays. Elles travaillent sur un standard, sur une définition identique. On récupère les innovations des uns et des autres afin de concevoir des bâtiments de plus en plus performants et de moins en moins chers. C'est le rôle que jouent des évènements comme Passi'Bat*, qui a pour but de comprendre, débattre et partager les expériences autour de cet habitat. Cette année par exemple, les conférenciers viendront de six pays différents : France, Allemagne, Belgique, Angleterre, Autriche et République Tchèque.
Qu'attendez-vous de l'édition 2014 ?
E. V. : Prouver au public que le passif est applicable et confortable partout, notamment dans des pays où les conditions climatiques sont intenses. Des logements passifs ont été construits à Chypre, en Turquie et même au Qatar. 700 sont en construction au Mexique, dans des zones très chaudes et humides. La rentabilité est également une source de critique. Le passif peut être rentable au bout de 10 ans, pour un surcout estimé de 10-15%. Mais celui-ci aura tendance à disparaître avec le temps. Dès aujourd'hui, des maisons passives se construisent pour 1 500 euros du mètre carré, soit exactement les prix du marché ! L'un des arguments imparables selon moi est celui-ci : dans un logement passif, on se chauffe pour le prix d'un café par semaine au lieu de deux par jour !
*Un code invitation vous est offert pour le salon Passi'Bat ! Rendez-vous sur www.billetterie.passibat.fr
Mot de passe : 7HJ59
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