Efficacité énergétique du bâtiment : « Il faut plus de matière grise pour plus de valeur »
Richard Franck, Guy Jover et Frank Hovorka, spécialistes de l'énergie dans le bâtiment, ont préparé pendant quatre ans un ouvrage dense, proche de l'encyclopédie. Ils militent pour une collaboration plus étroite entre la maîtrise d'ouvrage et la maîtrise d'œuvre afin d'optimiser la performance des bâtiments.
Propos recueillis par Timothée L'Angevin
Le Moniteur. Qu'est-ce qui distingue votre livre, « L'Efficacité énergétique dans le bâtiment » des autres ouvrages publiés sur le sujet ?
Richard Franck, Guy Jover et Frank Hovorka. De nombreux livres, très bien faits, ont déjà été écrits sur le thème de la performance énergétique. Mais tous étaient orientés vers la maitrise d'œuvre et l'architecture. Nous avons voulu nous adresser directement aux maîtres d'ouvrage et aux propriétaires qui souhaitent embarquer l'efficacité énergétique dans un projet, à l'échelle d'un bâtiment (neuf et rénovation lourde) ou d'un patrimoine bâti. Nous avons surtout voulu leur donner les outils, les bases techniques, pour qu'ils soient en mesure de dialoguer d'égal à égal avec leurs partenaires financiers, maîtres d'œuvre et exploitants. Plus largement, nous détaillons la « démarche d'énergie » à effectuer de A à Z sur les plans financier, économique, technique, méthodologique, réglementaire, organisationnel et managérial. Ce livre a donc une fonction encyclopédique.
Quel message voulez-vous faire passer ?
La plupart des projets de rénovation ou de construction se réalisent dans la précipitation et négligent les étapes d'expertise et d'études. Le maître d'ouvrage qui n'a pas cadré et piloté efficacement son opération et qui exige des délais et coûts très serrés, a de plus grandes chances de se retrouver avec un bâtiment de piètre qualité et inconfortable. Au mieux, il sera conforme aux calculs réglementaires mais ne correspondra pas du tout aux besoins réels. Il faut comprendre que l'efficacité énergétique, bien pilotée, sert les intérêts des propriétaires. Elle permet d'améliorer le patrimoine, lui donne de la valeur, le rend plus attractif, réduit les charges d'exploitation...
Vous ne citez pas la dimension environnementale de ces projets. Est-elle reléguée au second plan ?
Nous servons les intérêts centraux des propriétaires et maîtres d'ouvrage. L'environnement n'est pas l'objectif en soi. Mais lorsque les enjeux de performances énergétiques, de confort et de valeur du bâtiment sont traités simultanément, le résultat est plus tangible et valorisable sur le plan environnemental.
Quel est le facteur clé de la réussite d'un projet qui embarque la performance énergétique ?
Pour qu'un projet atteigne les performances les plus élevées, et ceci au meilleur coût, il faut en amont, mettre des moyens dans la programmation, les études de faisabilité et les études de conception. Mais cela ne pourra se faire qu'à travers une étroite et efficace collaboration entre les maîtres d'œuvre et maîtres d'ouvrage. Ces derniers devront renforcer leurs compétences et bien calibrer et maîtriser la part éventuellement externalisable. Pour résumer, plus de matière grise pour plus de valeur. Le mode collaboratif doit naître d'une véritable volonté stratégique qui demande, certes, une préparation très soignée en amont.
Efficacité énergétique du bâtiment : « Il faut plus de matière grise pour plus de valeur »
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