L'artisanat du bâtiment s'enracine dans la crise
Au troisième trimestre 2014, l'activité a globalement diminué de 2% en volume sur un an, plombée par le neuf qui s'est replié de 4% tandis que l'entretien-rénovation a reculé de façon plus modérée (0,5%).
Adrien Pouthier
Malheureusement, les points de conjoncture de la Capeb se suivent et se ressemblent. "J'ai l'impression qu'on aborde toujours la même situation de la même façon: la crise, la crise, la crise, comment en sortir ?", soufflait jeudi 16 octobre le président de la Confédération de l'artisanat et des petites entreprises du bâtiment, Patrick Liébus. A cette nuance près cette fois que la plongée semble s'être interrompue. "Cette fois nous sommes enracinés dans la crise", estimait Patrick Liébus.
En effet, l'activité de l'artisanat du bâtiment en France a reculé pour le dixième trimestre d'affilée de juillet à septembre. La Capeb anticipe une baisse de son activité entre -1,5 et 2% pour 2014. Une baisse moins brutale qu'en 2013 (-3 %) mais qui est marquée par deux nouveaux éléments forts : un effondrement dans la construction neuve (-4 %) et surtout pour la première fois depuis deux ans, un recul de l'activité d'entretien-rénovation (-0,5 %) .
Les annonces politiques ont pourtant été bonnes ces derniers temps : plan de relance de la construction de logements, vote du projet de loi sur la transition énergétique et de son Titre II axé sur la rénovation énergétique, inscription dans le projet de Loi de finances pour 2015 du Crédit d'impôt pour la transition énergétique (CITE), d'ailleurs voté par les députés le même jour (voir par ailleurs).
Attentisme
Le problème pour Patrick Liébus reste que malgré tous les éléments très positifs annoncés, leur application tarde et crée de l'attentisme. Comme il l'avait expliqué au Moniteur.fr (Lire notre article "Je suis contre les obligations"), le marché de la rénovation énergétique souffre des annonces de relance (renforcement du Crédit d'impôt transition énergétique, Eco-PTZ...) qui font hésiter les ménages à engager des travaux car ils attendent leur mise en place.
Les carnets de commande s'effritent donc : avec 71 jours de travail en moyenne au 3e trimestre (contre 78 jours un an plus tôt) la situation est préoccupante. La construction neuve est plus particulièrement affectée par cette dégradation, puisque 30% des entreprises artisanales déclarent une baisse de leurs carnets de commandes, contre seulement 9% qui déclarent une hausse.
Et les tensions de trésorerie des entreprises deviennent par conséquent de plus en plus aiguës. 32% d'entre elles font encore état d'une détérioration, contre 29% au deuxième trimestre. Et si les besoins de trésorerie semblent moins importants (17000 € estimés contre 18000 € au 2e trimestre) c'est parce que le fonctionnement en activité ralentie demande moins de fonds.
Enfin, la bombe à retardement de l'emploi est amorcée. "On a ramé pendant des années, entre 2000 et 2008, pour créer des emplois (90.000 environ ndlr) qu'on est en train de perdre", a regretté Patrick Liébus, qui estime les pertes pour les artisans de 3000 à 4000 emplois cette année. "Mais attention, prévient-il, certes, comparés aux pertes de 2013 (15000 emplois disparus ndlr) ces chiffres peuvent paraître encourageants. Mais ils reflètent une opinion des artisans interrogés à un moment T. Peut-être qu'il ne manque qu'un mois de baisse d'activité pour entraîner une cascade de licenciements. Le "petit pourcent" qui fera déborder le vase."
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