"Mieux promouvoir la construction de logements", par Cristina Conrad, architecte

La relance de la construction de logements passe aussi par une meilleure adaptation de l'offre à la demande. Les solutions existent, mais il faut formuler les questions différemment…

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Cristina Conrad, architecte et urbaniste.

Le gouvernement essaie par tous les moyens de relancer la construction, sans y parvenir. En effet, la simplification des normes, les défiscalisations et la mise à disposition des terrains de l’Etat mettront quelques années, à porter leurs fruits...
Si l’on ne construit pas c’est, avant tout, parce qu’il n’y a pas preneur, dans les conditions actuelles du marché, ce qui est somme toute, assez sage (cf. le million de logements vides en Espagne)… Avec la crise, les ménages hésitent à investir : peur de la perte d’emploi ou des charges imprévues, sécurisation des enfants, etc. Et surtout, les banques, tirant les leçons de la crise des "subprimes" américains, rechignent  à accorder des prêts à des ménages peu solvables.

Nouvelles formes d'habiter

Il y a néanmoins, en France, 3,6 millions de mal-logés et 1,7 millions de demandeurs de logements sociaux, surtout en Ile-de-France, qu’il va bien falloir loger! Or, la politique du logement menée jusqu’ici est avant tout technique, quantitative et fiscalo-financière. Elle devrait davantage se préoccuper du "social" et des véritables besoins. Les structures familiales ont beaucoup évolué et exigent de nouvelles formes d’habiter : divorces croissants, vieillissement de la population, natalité en hausse, familles recomposées, jeunes adultes ne pouvant quitter le noyau familial, etc. Ces évolutions ont eu des incidences sur le nombre de mètres carrés nécessaires pour répondre aux besoins. On a d’un côté, des personnes âgées qui vivent chichement en sous-occupation du logement, une fois les enfants partis. De l’autre des couples divorcés qui augmentent leurs besoins en se séparant, avec des difficultés à régler deux "trois-pièces" de 60 m2 en place du 80 m2 antérieur et, enfin, un nombre important d’enfants avec deux foyers.

Penser différemment

Pour répondre à ces attentes spécifiques et mieux adapter l’offre à la demande, il existe des solutions mais il faut poser les questions autrement. Premièrement, la politique du logement social doit être renforcée (aide à la pierre, incitations diverses comme la loi SRU). Deuxièmement, elle doit être pensée en fonction du territoire. Un petit logement à Paris ne se vit pas comme en province. La ville offre un complément social, culturel, affectif qui compense la taille du logement. Dans les zones denses et tendues, les personnes vivant seules ou en couple, les personnes âgées et les étudiants sont plus nombreux. Il faut donc y construire plus de petits logements qu’ailleurs. D’autant plus que les familles avec enfant demandent souvent à disposer d’un jardin et donc à aller en périphérie urbaine. Troisièmement, pour sécuriser les ménages et les banques, il faut proposer des logements évolutifs et divisibles qui serviront de garantie et faciliteront la prise en compte des aléas de la vie : T3 divisible en T2+studio, T4 en 2 T2 ou petits T3+ T1b, T5 en T3 et T2, etc.

Etat et promoteurs doivent jouer le jeu

Cette proposition offre plusieurs avantages : constitution d’un revenu ou d’une retraite pour la personne qui reste seule; possibilité en cas de divorce qu’une partie de la famille reste sur place (moindre traumatisme des enfants); autonomie de l’adolescent ou du jeune adulte qui restent dans le foyer familial; possibilité pour la personne âgée d’avoir une aide à proximité (étudiante, aide-soignante); anticipation pour un couple en attente d’un enfant; moindre sous-occupation des logements; développement de mixités et (ou)solidarités; possibilité de louer l’une ou l’autre partie en cas de difficulté financière du ménage; facilitation des prêts bancaires car une partie du logement peut servir d’hypothèque. Les architectes savent concevoir de tels logements "divisibles" avec un surcoût qui se limite au déplacement d’une porte et au doublement des compteurs. Encore faut-il que l’Etat et les promoteurs publics et privés adoptent ces solutions et en facilitent la gestion.

Cristina Conrad est architecte dplg, urbaniste DIUUP. Architecte-conseil de l’Etat, elle est également Conseillère à l’Ordre national des architectes.

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