« Nos architectures doivent refléter les valeurs d’Hermès »
Le prix de l’Equerre d’argent 2014 qui a récompensé la Cité des métiers d’Hermès, à Pantin (Seine-Saint-Denis), a révélé le rapport que l’historique maison de luxe entretient avec l’architecture. L’entreprise qui a su rester, depuis sa création en 1837, entre les mains d’une même famille, s’avère être un maître d’ouvrage exigeant, aussi bien pour ses boutiques que pour ses ateliers de fabrication. Extraits de la rencontre avec Eric Festy, le directeur du développement immobilier chez Hermès International.
M-D.A
Eric Festy : Nous avons historiquement chez Hermès deux métiers : la création et la fabrication d’une part et la vente de l’autre. Ces deux fonctions sont essentielles et aussi importantes l’une que l’autre, nous leur apportons donc autant de soin. Nous le faisons sans ostentation.
Sur ces différents programmes, quelles sont vos attentes ?
E. F. : Dans les deux cas, notre préoccupation est d’abord fonctionnelle. Les lieux sont pensés pour un usage, la fabrication ou la vente. Sans que pour autant ce pragmatisme empêche une part de rêve. Jean-Louis Dumas [descendant du fondateur Thierry Hermès, il a été le président emblématique d’Hermès de 1978 à 2006, NDLR] disait d’ailleurs que notre maison « a les deux pieds sur terre et la tête dans les étoiles ».
Evidemment, nous ne sommes pas sur les mêmes registres selon les lieux. L’aménagement des boutiques est fondé sur la visibilité et la reconnaissance. Cela passe notamment par le recours à des codes architecturaux qui trouvent leur origine dans notre siège historique du 24, rue du Faubourg Saint-Honoré à Paris (VIIIe).
Nos bâtiments de production sont, eux, attachés à leur territoire et à la spécificité de leur fonction. Qu’il s’agisse de bâtiments dans une zone d’activité de la région lyonnaise ou d’un site dans un paysage rural, la réponse architecturale sera toujours différente. La manufacture des Ardennes à Bogny-sur-Meuse en est une illustration. Le bâtiment, qui a été réalisé par l’agence Patrick Berger et Jacques Anziutti en 2005, a ainsi été construit sur pilotis en surplomb du fleuve.
« De parfaites conditions de travail »
Votre politique immobilière, écrite en 2008, souligne l’importance du bien-être des utilisateurs de vos bâtiments…
E. F. : L’un des rôles de l’architecture est de refléter nos valeurs. Une maison d’artisanat comme la nôtre, est profondément attachée au travail bien fait et aux savoir-faire d’excellence. Nos ateliers doivent par conséquent offrir de parfaites conditions de travail. Alors les matériaux sont simples, tout comme la composition des espaces. En revanche, nous ne transigeons pas sur le confort. Par exemple, un maroquinier doit pouvoir bénéficier d’une belle lumière naturelle. Le projet pourra donc se traduire par une architecture de sheds orientés de préférence plein nord.
Par ailleurs, au-delà du simple aspect de la production, les lieux doivent être pensés pour favoriser l’échange et le partage des savoirs. Pantin, avec ses espaces de rencontres généreux en est un bel exemple.
Hermès a pris en compte ces différents aspects dès les années 2000 et nous les avons donc formalisés, et notamment la question du bien-être, dans une charte interne.
Cette politique concerne-t-elle un volume d’opération important ?
E. F. : Si l’on considère les cinq dernières années, nous avons eu environ une trentaine de projets de création, de rénovation ou d’extension de boutiques par an. En matière de lieux de production, nous menons environ quatre ou cinq projets par an, soit en construction neuve soit en transformation.
Ainsi nous avons achevé, à la fin 2014, deux maroquineries : celle de la Tardoire à Montbron (Charente), réalisée par l’atelier Ardant Architectes, et la Maroquinerie iséroise, située aux Abrets (Isère) et conçue par Jean-François Schmit Architectes. Par ailleurs, nous avons lancé la transformation d’une friche de l’industrie du textile, l’ancienne usine Schwob d’Héricourt, en Haute-Saône. Cet autre chantier de maroquinerie, mené par l’architecte Michel Thouviot, sera livré à la fin de l’année. Enfin Pascale Guédot (Equerre d’argent 2010, pour la médiathèque intercommunale du Piémont oloronais à Oloron-Sainte-Marie, dans les Pyrénées-Atlantiques) a livré à Pantin l’Espace Jean-Louis-Dumas, dans lequel nos responsables de magasins viendront découvrir les collections Hermès.
Retrouvez l'intégralité de cet entretien dans le N° 5800 du Moniteur, daté du 23 janvier 2015, ou sur notre site internet (accès réservé aux abonnés).
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