Sogea et Rougerie pour le plus grand aquarium d’Europe
La communauté d’agglomération du Boulonnais a retenu le tandem Sogea-Rougerie pour réaliser, à Boulogne-sur-Mer (Pas-de-Calais) le plus grand aquarium d’Europe. Un projet architectural porteur d’une identité forte.
Nicolas Guillon
Une raie manta déployant ses « ailes » en direction du large. Pour dessiner le Grand Nausicaà, Jacques Rougerie s’est souvenu que « Léonard de Vinci nous a invités à observer le génie de la nature pour créer. » Trente ans après s’être vu attribuer le projet Nausicaà, l’architecte de la mer revient à Boulogne-sur-Mer, forcément ému, avec cette fois pour mission de faire du premier port de pêche français une vitrine de la « blue society ».
Sorti gagnant avec Sogea d’un marché de conception-réalisation qui, suite à un premier appel d’offres infructueux, aura mis deux ans à livrer son verdict, Jacques Rougerie confie avoir « tout donné pour remporter ce concours qu’il m’aurait été inacceptable de perdre ». Celui qui a permis à la piscine Molitor de retrouver son lustre va donc pouvoir poursuivre son œuvre, ou plutôt lui conférer une autre échelle, puisque le cahier des charges était ainsi rédigé.
« Le Grand Nausicaà se veut le fanal d’une ville et d’une agglomération qui franchissent un cap », souligne Frédéric Cuvillier, secrétaire d’Etat chargé des Transports, de la Mer et de la Pêche, et maire de Boulogne-sur-Mer. Il est l’élément phare de la stratégie d’aménagement urbain « Axe Liane » - du nom du fleuve arrosant la ville -, qui vise à redynamiser l’ensemble du territoire suivant son axe historique.
Vingt-sept mois de travaux
« Il fallait, pour ce faire, un objet architectural fort dont la ville puisse s’emparer », poursuit Frédéric Cuvillier. Le bâtiment en forme de raie manta qu’a imaginé Jacques Rougerie répond en tout point à cette attente. « Le jury s’est accordé essentiellement sur les qualités architecturales de la construction car le dossier porté par Norpac était également de très haut niveau », précise Jean-Loup Lesaffre, président de la communauté d’agglomération du Boulonnais. « Il y a plusieurs façons d’aborder un tel projet, explique Jacques Rougerie. La facilité aurait commandé de tout raser et de repartir d’une page blanche. Avec le recul, le premier Nausicaà manquait peut-être un peu d’audace. Si cela nous engageait à aller plus loin, nous n’avons pas voulu pour autant commettre de gâchis en effaçant une architecture déjà marquante. Nous avons préféré conserver le cœur de l’existant que les nouvelles carapaces vont venir habiller. Cela permet d’inscrire un esprit dans le temps. Le chantier devait également pouvoir être réalisé étape par étape (1).
Toutes ces données ont créé une difficulté dans laquelle se sont construites une réflexion et une force architecturale. A l’arrivée, nous avons un ensemble harmonieux et cohérent. Mais ce n’est pas un geste pour le geste. » Si le président du conseil régional du Nord-Pas-de-Calais (financeur à 35 %) Daniel Percheron appelait de ses vœux un « Louvre de la mer », Jacques Rougerie préfère faire référence au musée Guggenheim de Bilbao ou à l’opéra de Sydney, qui sont des locomotives économiques pour leur territoire.
« Avec le Grand Nausicaà, nous espérons passer de 30 à 50 millions d’euros de retombées par an pour l’agglomération », explique Jean-Loup Lesaffre. Cela passe par près de 86 millions d’euros HT d’investissement. Le plus grand aquarium d’Europe ouvrira ses portes au printemps 2018.
(1) Nausicaà restera ouvert durant les vingt-sept mois de travaux.
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