Epopée des projets d’architecture à l’export (4/4) : complexe muséal au Maroc
Le Moniteur.fr vous propose de suivre un itinéraire estival parmi quelques réalisations conduites hors de France par des architectes friands de construire à l’international. Aujourd’hui : embarquement immédiat pour Volubilis, dans la région de Meknès, avec Kilo Architectures.
MARGOT GUISLAIN
Volubilis, ancienne cité romaine située dans la région de Meknès (Maroc) est aujourd'hui un site archéologique touristique (300000 visiteurs par an). Elle s'est dotée en 2010 d'une véritable infrastructure d'accompagnement, un « visitor center » comprenant un musée, des bureaux administratifs, un laboratoire, des réserves, les logements du conservateur et des chercheurs. A l'origine, l'opération avait suscité la réprobation de l'Unesco qui avait menacé de rayer de sa liste ce site classé au patrimoine mondial de l'humanité... avant de se raviser et de considérer ce nouvel équipement, conçu par Kilo Architectures (Tarik Oualalou et Linna Choi), comme un modèle d'intégration dans un paysage quasi inchangé depuis plus de 2000 ans. C'est en effet au creux d'un talus, ménagé pour l'occasion dans un terrain pentu, que les corps de bâtiment sont venus se ficher, excluant toute émergence dans l'environnement.
Chantier artisanal
De même, les matériaux employés sont en osmose avec le paysage et son histoire : le béton, inventé en grande partie par les Romains; la pierre de Volubilis et le cèdre de l'Atlas. La mise en œuvre donne également la sensation d'un bâtiment fait à la main. « Par rapport à la France, les coûts de construction sont inversés : au Maroc, ce sont les matériaux qui sont chers, tandis que la main d'œuvre est à bas prix », fait observer Tarik Oualalou. D'où les quatre années nécessaires à un chantier artisanal, réalisé à l'aide d'une petite bétonneuse et de simples pelles pour excaver le terrain.
Au résultat, un édifice de style brutaliste, mais très minutieusement calepiné, les traces des banches laissées sur le béton brut étant alignées avec la largeur des planches de cèdre qui enveloppent le bâtiment. De nationalité marocaine et française, Tarik Oulalou, qui a quitté son pays d'origine à quinze ans, affirme posséder la distance nécessaire pour redécouvrir le Maroc et ses modes constructifs « en prenant garde, surtout, de ne pas appliquer de recettes françaises ».
Cet article, publié dans « Le Moniteur » n°5779 du 29/08/2014, fait partie d’un feuilleton consacré aux architectes français à l’export dont les sept épisodes s’échelonneront jusqu’au vendredi 29 août.
Fiche techniqueMaîtrise d'ouvrage : Ministère de la Culture du Maroc.
Maîtrise d'œuvre : Tarik Oualalou, Linna Choi, architectes associés (Kilo Architectures). BET: Tesco (TCE). LPEE (géotechnique). Bureau de contrôle : Socotec Maroc.
Entreprise générale : Stacer.
Surface : 4 200 m2 Shon.
Montant des travaux : 5,3 millions d'euros HT.
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