La jetée du Mont-Saint-Michel au temps des grandes marées
Les vives-eaux de ce mois de septembre 2014 sont un moment idéal pour découvrir l’ouvrage de liaison construit par Dietmar Feichtinger Architectes et ouvert aux piétons depuis juillet. Dans quelques mois, après la disparition de l’ancienne digue-route, le célèbre rocher aura définitivement recouvert son caractère maritime.
M-D.A
A 20h21 hier, 9 septembre 2014, le Mont-Saint-Michel était une île. Grandes marées obligent, le mythique rocher normand sera à nouveau encerclé par les eaux ce soir, à 21h05. Ces forts coefficients de 113 et 115 permettent de mieux imaginer encore le futur proche du site, quand il aura recouvré son caractère maritime et donc un état plus naturel, objectif qu’il aura mis vingt ans à atteindre en plusieurs étapes. Alors que les premières études ont été lancées en 1995, la digue-route qui le relie au continent, en coupant à travers la baie, aura disparu, dans quelques mois. Aujourd’hui, au terme de trois ans de chantier, un élément-clé du dispositif s’achève : la nouvelle liaison réalisée par l’agence Dietmar Feichtinger Architectes est ouverte aux piétons depuis juillet dernier et le sera à tous les véhicules dès octobre. Le chantier d’aménagement de la zone d’arrivée au pied du Mont est, lui, en cours d’achèvement.
Légère et discrète
Alors qu’il avait fait hier le déplacement avec toute son équipe pour assister au spectacle des vives-eaux, l’architecte Dietmar Feichtinger soulignait que la structure n’est pas à proprement parler un pont ni une passerelle. De fait, il s’agit pour partie d’une nouvelle digue-route de 1 085 mètres prolongée par une jetée de 756 mètres qui, elle, aboutit à quelques mètres de la porte d’entrée du site, sur une plateforme de béton qui se laissera totalement submerger une vingtaine de jours par an. De plus, l’ouvrage ouvert aux circulations douces comme aux liaisons motorisées, « est bien d’une vraie chaussée, capable de supporter le passage de camions 38 tonnes », notait le maître d'œuvre, qui avait été désigné lauréat du concours pour cette structure en 2002. Sans parler des navettes qui permettent aux touristes de rallier le monument depuis les nouveaux parkings et dont le poids est estimé à 20 tonnes, à pleine charge. « L’enjeu était donc de construire une structure légère et discrète – car ici l’événement, c’est le Mont – mais capable de supporter les poids lourds et leur effort de freinage, mais aussi d’être « transparente à l’eau », c’est-à-dire qui n’entrave pas la circulation de la mer », poursuit-il.
De la rencontre entre les exigences techniques et l’approche paysagère est né un long et simple ruban continu, une promenade en courbe qui permet une approche du site sans avoir à jamais le quitter des yeux. La jetée réalisée en structure acier est la combinaison d’un tablier fin reposant sur 142 piles verticales de petit diamètre – 25 cm – mais d’épaisseur conséquente (40 à 60 mm). Ces multiples « pattes » sont ancrées dans des piliers de béton qui plongent jusqu’à 35 sous terre pour retrouver la roche. D’un coût de construction de 31 M€ HT, la nouvelle liaison, dont la maîtrise d’ouvrage est assurée par le Syndicat mixte de la baie du Mont-Saint-Michel, devrait être inaugurée à l’automne.
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