Le musée Picasso retrouve ses couleurs
Au cœur du quartier du Marais (Paris IIIe), l’Hôtel d’Aubert-de-Fontenay, surnommé Hôtel Salé, abrite le musée national Pablo-Picasso. Il rouvre ses portes ce 25 octobre 2014, après cinq ans de travaux…
JACQUES-FRANCK DEGIOANNI
Equerre d'argent du Moniteur en 1985, le musée Picasso avait été (re)pensé par l'architecte Roland Simounet (1927-1996). Ce 25 octobre, date anniversaire de la naissance du peintre, il proposera aux visiteurs, au terme de cinq ans de travaux, de redécouvrir une partie (300 à 400 pièces) de la plus importante collection publique qui lui est dédiée : 4755 œuvres de l'artiste (dont 297 peintures et 368 sculptures), collection qui provient de deux dations, celle des descendants de Picasso en 1979, et celle des héritiers de Jacqueline Picasso en 1990.
Remarquable
Le réaménagement intérieur et l’extension du musée ont été conçus et réalisés sous la maîtrise d’œuvre de Jean-François Bodin, architecte, avec Stéphane Thouin, architecte en chef des monuments historiques (ACMH), maître d’œuvre de la restauration des parties classées du bâtiment, en prolongement de la mission de son confrère ACMH, Jean-François Lagneau, sur les façades. Le jardin a été créé par Erik Dhont et les travaux été effectués par Pradeau & Morin. Si l'intervention de Roland Simounet restait remarquable, des coupes budgétaires et des modifications de programme avaient occasionné des remaniements : réduction des rampes et des mezzanines, abandon des espaces d'expositions temporaires, abandon de la salle multimédia dans les sous-sols des Communs, abandon de la construction d'un immeuble d'ateliers sur le socle construit le long des jardins, côté rue Vieille-du-Temple, etc.
Exiguïté
Le chantier a notamment été décidé pour des raisons de mises aux normes du bâtiment. Outre ces aspects le projet de restructuration-extension de l’Hôtel Salé a été également motivé par une obligation de service public : l'exiguïté des lieux a contraint le musée, vingt-cinq années durant, à n'exposer qu'une partie de sa collection, et à décrocher régulièrement la collection permanente au moment de l’organisation des expositions temporaires, alors même que l'essentiel de la fréquentation était motivée… par la visite de la collection permanente. Cette exiguïté ne permettait pas non plus de respecter les clauses de la donation Pablo-Picasso relatives à la présentation permanente des œuvres de la collection particulière de l'artiste, non plus que la présentation des fonds graphiques et des fonds d'archives.
Remodelage et repavage
Un premier chantier de restauration des façades, des décors extérieurs et murs d’enceinte avait été mené de 2006 à 2009. Cette opération, conduite par Jean-François Lagneau, avait permis de sauver les importants éléments sculptés des corniches et frontons de l’hôtel qui menaçaient ruine. Menée à musée ouvert, cette opération avait rendu difficile le fonctionnement du musée et l’accueil des publics. Pour le nouveau chantier, la fermeture du site était cette fois inévitable compte-tenu du programme : mise aux normes du bâtiment XVIIe, restauration des décors muraux et garde-corps du grand escalier, assainissement, éclairage, remodelage, repavage et accessibilité de la cour d’Honneur, rénovation et rééquipement de sécurité des huisseries de toutes les fenêtres, restauration de la terrasse des Communs, restauration des aménagements de Roland Simounet, mise aux normes incendie, délocalisation des services administratifs et techniques sur un site mitoyen, transformation en espaces de présentation de la collection des surfaces libérées, création d’un grand plateau d’accueil des publics dans les Communs, réhabilitation de l’aile technique située le long des jardins afin d’être dédiée aux activités de médiation culturelle et aux espaces logistiques, recréation du jardin.
Au final, 13 nouvelles salles sont offertes au public. Les espaces qui lui sont destinés ont plus que doublé, passant de 2300 m2 (dont 1600 m2 d'exposition) à 5000 m2 (dont 3600 m2 d'exposition), et la circulation des visiteurs a été optimisée et fluidifiée. Coût de l'opération : 43 millions d'euros, financés à 65% par le musée lui-même.
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