Des mots d’auteurs sur l’architecture (5/5) : Marc Villard
L’architecte est-il le seul à pouvoir parler d’architecture ? La question est permise au moment où les professionnels s’apprêtent à prendre la parole lors de la clôture des premières universités d’été de l’ordre des architectes, à Marseille ce 16 octobre mais aussi les 17 et 18 octobre, à l’occasion de la 2e édition des « 24 heures d’architecture », dans la même ville. Quelques semaines après la rentrée littéraire, « Le Moniteur » a proposé à cinq romanciers d’évoquer leurs liens avec les bâtisseurs de villes. Ces derniers jours, ils ont livré leur définition de la discipline, parlé des objets de leur fascination, mais sans oublier de rappeler leurs attentes. Aujourd’hui, l’auteur de polars Marc Villard clôt cette série de réflexions.
M-D.A
« Je vois l’architecte comme un artiste. Il doit certes savoir se transformer en industriel, mais il est un créateur d’exceptionnel. Pour les spécialistes, l’architecture doit sans doute idéalement allier le fond et la forme, mais pour nous, écrivains, quand nous parlons de la ville, nous nous attachons surtout à ce que nous voyons de l’extérieur. Et ce que nous aimons, c’est avoir le regard séduit. Si bien que je n’ai rien contre la forme pour la forme. J’aime l’audace bien pensée… A condition qu’elle soit aussi bien menée jusqu’à son terme. Or j’observe parfois un hiatus entre le dessin de départ et la chose créée.
« Mesurer la difficulté qu’il y a à se colleter avec la matière »
Moi qui habite depuis vingt-sept ans dans le quartier des Halles, je vois par exemple grandir actuellement le bâtiment de la Canopée. A l’origine, j’ai été séduit par ce projet de grande toiture suspendue. Mais aujourd’hui, j’ai le sentiment que tout cela prend du poids. Je ne veux pourtant pas préjuger du résultat final. Seulement, je me pose des questions : peut-être les architectes devraient-ils davantage s’interroger sur la faisabilité de leurs idées et se demander si leurs projets, dans tout ce qu’ils peuvent avoir de pur ou d’aérien, ne seront pas finalement trahis par la technologie. Mesurent-ils toujours la difficulté qu’il y a à se colleter avec la matière ? Maintenant si un bâtiment doit être raté, je n’irai pas m’enfermer pour pleurer. Peut-être qu’un autre architecte viendra, dans les années qui suivront, et qu’il aura, lui, la chance de réussir son projet. Après tout, la ville évolue. Rien n’est irrémédiable. »
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