Convalescent, le bâtiment n'est pas à l'abri d'une crise de confiance
Alors que tous les indicateurs confirment la reprise du secteur, le président de la FFB Jacques Chanut a mis en garde mardi 28 juin contre les incertitudes liées au Brexit, à l'investissement des collectivités locales et aux complexités administratives (le fameux compte pénibilité) qui pourraient peser sur la confiance "matière première du bâtiment", et freiner la croissance.
Adrien Pouthier
Au moment ou le Commissariat général au développement durable rendait publics les résultats de la construction de logements pour le deuxième trimestre 2016, Jacques Chanut, président de la Fédération française du bâtiment (FFB), tenait un point de conjoncture empreint du même optimisme : le bâtiment va mieux.
Même si les résultats sont à nuancer selon les régions ("la fracture territoriale est réelle et inquiétante", a rappellé le président de la FFB), et les catégories de constructions (collectif vs individuel), les indicateurs pointent vers le beau.
Ventes de logements neufs du secteur privé en hausse (+13% en glissement annuel sur quatre mois à fin avril 2016), baisse des défaillances d'entreprises (-17,5%), augmentation des surfaces non-résidentielles mises en chantier, "l’été de l’activité se confirme", juge la FFB. Un seul petit nuage dans un grand ciel bleu : le marché de l'entretien-rénovation, malgré un manque de données statistiques précises donne le sentiment de rester atone. L'embellie, inespérée au départ, pousserait presque la FFB à l'enthousiasme. Elle prévoit ainsi une croissance de son activité de plus de 1% cette année et environ 380 000 logements mis en chantier en 2016, soit une hausse de 10% sur un an.
Cette embellie devrait avoir un effet sur les chiffres de l'emploi dont la courbe ne s'inverse toujours pas et reste orientée à la baisse malgré un tassement. L’effectif salarié s’inscrit en effet en recul de 15 500 unités (-1,5%) et celui de l’intérim en équivalent temps plein (ETP) affiche une progression de 5 000 postes (+7,2%), soit une baisse globale de 10 500 postes (-0,9%). Pour 2016, la FFB espère ne pas voir détruits de nouveaux emplois.
Mais le risque existera tant que les entreprises continueront de voir leurs marges s’éroder et connaitront des problèmes de trésorerie.
La FFB compte sur une reprise de l'investissement public (trop souvent sacrifié pour maintenir les dépenses de fonctionnement des collectivités locales) et un maintien des dispositifs gouvernementaux de relance, mais le carburant pour l'accélération de la reprise restera la confiance. Et le récent Brexit fait peser un doute. "Aujourd'hui on a une multiplication d'informations contradictoires et une absence totale de visibilité. Face à un fait sans précédent, les marchés sont déboussolés et chutent. La seule certitude aujourd’hui se résume en une volatilité néfaste à l’économie, à la croissance et donc à notre secteur d’activité", a expliqué Jacques Chanut.
Compte pénibilité : la FFB prendra son tempsJacques Chanut a confié les difficultés du secteur à établir des référentiels de branche pour le compte pénibilité dans le Bâtiment : "Avec la polyvalence de nos compagnons et surtout la coactivité sur les chantiers, il est très difficile de poser un cadre général. Prenez le facteur de l'exposition au bruit : un carreleur qui pose son carrelage n'est normalement pas affecté. Mais il suffit qu'il travaille sur un chantier ou des reprises de maçonnerie se font au marteau-piqueur pour qu'alors il soit exposé. Mais ce n'est pas la norme. Que faut-il faire alors ? Mettre cela au point prend du temps. J'insiste donc pour dire que la date du 1er juillet (pour l'entrée en vigueur du compte) est une date politique pas technique."
Le président de la FFB a d'ailleurs profité de l'occasion pour dire à nouveau tout le mal qu'il pensait de cette mesure "bureaucratique et qui n'aura aucun impact sur la santé" et demandé à nouveau un report d'un an pour l'entrée en vigueur du dispositif. "Si ce compte pénibilité n'est qu'une manière de créer une nouvelle taxe, un nouveau prélèvement, alors on ne va pas s'embêter, on mettra tout le monde dans le même sac. On peut avoir réglé le problème en une semaine. Si ce n'est pas le cas, qu'on nous laisse travailler."
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