La RBR 2020-2050 : les acteurs de la filière au cœur du réacteur

Un bâtiment sobre, robuste et désirable, mais aussi modulable et évolutif pour répondre à des usages….Voilà ce que pourrait être le bâtiment de demain imaginé par le groupe de travail de la réflexion bâtiments responsables (RBR), initié par le Plan bâtiment durable. Une vision largement débattue lors du colloque du 28 avril qui éclaire les pouvoirs publics sur la future réglementation environnementale 2018/2020.

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La RBR 2020-2050 : les acteurs de la filière au cœur du réacteur
Alain Maugard, co-pilote du groupe de travail RBR 2020-2050 lors du colloque du 28 avril sur le sujet du bâtiment responsable

Le colloque organisé le 28 avril par le groupe de travail RBR 2020-2050 sur ses travaux et notamment sur ses trois notes « Bâtiment à énergie positive, photovoltaïque et réseau électrique », « Bâtiments bas carbone » et « Immobilier et bâtiment : cinq questions de prospective sur valeur et économie » a fait salle comble. Il est vrai que la RBR (réglementation bâtiments responsables devenue réflexion bâtiments responsables) qui a succédé à la RT 2020 est maintenant tellement implantée dans les esprits que l’on pourrait presque la qualifier de marque.

Cette réunion ne pouvait pas mieux tomber, elle s’est tenue entre une conférence environnementale (25 et 26 avril) qui a réaffirmé les grandes lignes d’actions et un moment où les choses s’accélèrent pour concevoir ce que sera la réglementation environnementale à l’horizon 2018/2020, mais aussi pour organiser une préfiguration de cette réglementation à travers une labellisation efficace et concertée. « Une labellisation qui, bien portée, pourrait jaillir au-delà de nos frontières », espère le président du Plan bâtiment durable Philippe Pelletier, dans son discours d’ouverture.

« Notre groupe de travail n’a pas vocation à écrire la réglementation, a rappelé en préambule Christian Cléret, co-pilote et directeur général de Poste Immo, mais d’éclairer les pouvoirs publics, nourrir leur réflexion ».

Les travaux présentés s’articulent autour de trois axes. Le premier traduit la vision qu’a le groupe de travail sur les bâtiments de demain : des bâtiments en interaction avec leur environnement, avec leurs occupants, qui répondent aux exigences de sobriété énergétique et de réduction d’empreinte carbone. « Je ne sais pas si ce mot bâtiment responsable restera dans le débat public, mais il a contribué à ce qu’on abandonne le vocable thermique, devenu un peu court », ajoute Philippe Pelletier.

L’autre aspect porte sur la traduction des débats par des actions. « Quand on remet l’occupant du bâtiment au centre du sujet, lorsque l’on s’intéresse au cycle de vie du bâtiment, lorsque l’on réfléchit à la place du bâtiment dans son environnement… Tous ces sujets sont concrets et se traduisent par des actions », affirme le président du Plan bâtiment durable.

Enfin, le dernier aspect, et pas des moindres, est qu’il faut un temps pour l’apprentissage, du temps pour que la filière se mette en route. Et le groupe de travail est conscient que pour que le sujet soit appréhendé, il faut du temps.
« Il faut changer de paradigme ; nous sommes arrivés à un triptyque territoire-homme-temps, résume Christian Cléret. Il ne faut pas avoir une vision uniforme, nationale, nous avons d’ailleurs plaidé pour ouvrir l’expérimentation au niveau des territoires ». Et d’annoncer que le groupe de travail entame une réflexion sur « la ville adaptable ».

L’expérience de Bouygues Construction

L’expérimentation est un bien nécessaire, car elle permet de voir les erreurs et de rectifier le tir. Beaucoup de professionnels peuvent en témoigner comme Philippe Bonnave, P-DG de Bouygues Construction qui, à travers ses premières opérations, a constaté de graves disfonctionnements entre la réglementation et le résultat sur le terrain. Par exemple, l’obligation de limiter la température de chauffage dans les bâtiments à 19°C s’est avérée une aberration avec au final des bâtiments invivables. « Nous avons donc pris en compte la notion de confort », explique-t-il. Tout en rappelant que la réglementation est complexe, il constate d’autres aberrations : « Quand on parle de bâtiment Bepos, il est Bepos par le calcul. Or il existe des bâtiments qui produisent plus qu’ils ne consomment et pourtant ils ne sont pas Bepos par le calcul. On arrive à des situations que le propriétaire du bâtiment ne comprend absolument pas. Il faut vraiment être vigilant à ne pas trop complexifier, sinon on ira dans le chemin inverse de là où on veut aller ».

Concernant le carbone qu’il considère très important, Philippe Bonnave a une position très claire : « En prenant ce driver, vous ne consommez plus le bâtiment comme avant et vous ne construisez plus avec les mêmes matériaux que lors d’une construction sous la réglementation thermique. Bien sûr, cela a des conséquences lourdes, mais il faut savoir ce que l’on veut ». Le P-DG de Bouygues Construction partage aussi l’avis de beaucoup concernant le prix trop bas de l’électricité. « Il y a un tropisme en France marqué par un prix de l’électricité beaucoup trop bas, nous sommes dans l’impasse totale aujourd’hui. Ce facteur a une influence trop lourde sur l’ensemble des politiques et sur ce que l’on veut faire de l’avenir de nos cités ». Il rajoute aussi une autre dimension, celle d’un raisonnement sur un bâtiment seul « qui n’a aucun intérêt, car il faut désormais raisonner quartier », à l’image de ce que Bouygues conçoit et réalise en Suisse, les quartiers labellisés « Société à 2 000 watts ».

Une belle victoire pour les acteurs du bâtiment

La conclusion de cette journée est revenue à Alain Maugard, co-pilote du groupe de travail RBR 2020-2050 et président de Qualibat. « Cette démarche n’est que le début d’un changement profond entre le désir de société et d’une offre nouvelle qui permet de vivre autrement. C’est l’invention sociétale qui dira aux acteurs du bâtiment de se débrouiller pour lui construire quelque chose dont elle a envie. C’est très différent de ce qui s’est fait avant où l’on dessinait la ville et où on disait aux gens de rentrer dedans ! ». Et Alain Maugard de rassurer : « Au fond, une des plus belles victoires pour nous est de voir que l’on est au cœur du réacteur, de cette transformation sociétale ».

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