Le compteur communicant Linky a son centre de test
A quelques semaines du lancement de la première vague de déploiement du compteur électrique communicant Linky, ERDF inaugurait le 12 octobre à Nanterre le Linky Lab. Dans ce laboratoire, des ingénieurs mettent à l’épreuve les prototypes d’un futur équipement central du bâtiment.
Mathieu Dejeu
En décembre prochain débutera la première phase de déploiement du compteur électrique communicant Linky. D’ici la fin de l’année 2016, ces boitiers verts viendront remplacer les modèles plus anciens dans 3 millions de bâtiments. A terme, ils équiperont les 35 millions de clients reliés au réseau de distribution d’électricité français. L’énormité des chiffres laisse entrevoir la complexité technique d’un tel chantier.
Pour s’assurer de l’efficacité de ces nouveaux équipements, le gestionnaire public Electricité Réseau Distribution France (ERDF), chargé du projet, a inauguré le 12 octobre à Nanterre (Hauts-de-Seine) le Linky Lab. Dans ce centre, les prototypes de compteurs électriques et de concentrateurs de données sont testés avant le lancement d’une fabrication en série. Des essais qui contrôlent non seulement les caractéristiques physiques du matériel, mais aussi la robustesse des logiciels embarqués.
Un ordinateur dans le tableau électrique
Car, sous son apparence rudimentaire, le compteur communication Linky cache un système informatique pointu. Il enregistre de nombreuses données chiffrées sur le circuit électrique du bâtiment, notamment ses consommations quotidiennes. Converties en impulsions électriques, elles sont transmises par les câbles du réseau vers un concentrateur situé en général dans le poste de distribution le plus proche. Celui-ci les envoie par l’intermédiaire du réseau de téléphonie à des serveurs de stockage. Les fournisseurs d’énergie, ERDF et les consommateurs auront ainsi accès à ces informations.
La chaine de communication fonctionne également dans l’autre sens. Le gestionnaire de réseau est en mesure d’activer un compteur ou de modifier la puissance souscrite d’un bâtiment à distance. « Notre système se veut évolutif, souligne Bernard Lassus, directeur du projet Linky au sein d’ERDF. Le logiciel actuel n’occupe qu’une petite partie de la mémoire interne de nos appareils. A l’avenir, nous pourrons installer de nouveaux services. »
Le matériel et les logiciels mis à l’épreuve
Le parcours des prototypes des six fabricants retenus (Elster, Itron, Landis+Gyr, Maec, Sagemcom, et Ziv) débute dans la salle d’analyse des propriétés physiques. Ils subissent alors une batterie de tests de résistance : aux variations de puissance électrique, aux conditions climatiques, au vieillissement, aux manipulations lors de la pose et même aux pressions exercées sur ses boutons. Les équipes d’ERDF ne leur épargnent rien. Après chaque épreuve, ils vérifient la capacité de l’appareil à enregistrer des données et à les transmettre. Toutes ces opérations prennent huit semaines.
Pour le programme informatique embarqué, les analyses se dérouleront sur trois semaines. Le compteur passe par pas moins de 2 496 tests. Les ingénieurs observent sa capacité à appliquer une grille tarifaire, à acheminer des données quotidiennement ou bien encore à comprendre les instructions qui lui sont communiquées. « Notre protocole évolue en fonction des premières évaluations en condition réelle, remarque Bernard Lassus. Lors d’une de ces expérimentations, nous avons découvert que les impulsions électriques envoyées sur le réseau par des alimentations d’ascenseurs ou des récepteurs TNT pouvaient brouiller nos signaux. Nous devions prendre en compte cette éventualité dans nos contrôles. »
Quant aux concentrateurs, c’est leur interopérabilité qui est éprouvée. Ils doivent servir d’intermédiaire avec un appareil, quelle que soit sa marque. Enfin, le chemin se termine par une phase d’essais denses où la chaîne de communication entre le compteur et les serveurs sont reproduits. « Une fois les prototypes validés, les constructeurs lancent la fabrication d’une présérie de 130 unités sur sa chaine de montage. Nous examinons l’ensemble de ces produits. Une fois que la production de masse sera lancée, nous réaliserons ensuite des essais aléatoires », explique le directeur. Après tous ces évaluations, les équipements Linky posés devraient émettre pendant au moins 20 prochaines années.
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