Nantes réinvente l’hôpital pavillonnaire de centre-ville
Le projet du nouvel hôpital qui ouvrira ses portes sur l’île de Nantes à l’horizon 2023-2026 a été dévoilé mercredi 1er juillet. Cette opération de près d’un milliard d’euros a été conçue par l’équipe Art and Build Architectes, Pargade Architecte, Artelia et Signes Paysages comme une réinterprétation contemporaine de l’hôpital pavillonnaire de centre-ville.
Jean-Philippe Defawe (bureau du Moniteur de Nantes)
\ 17h50
Jean-Philippe Defawe (bureau du Moniteur de Nantes)
Le secret était bien gardé. Et si le nom de l’équipe lauréate avait été annoncé le 18 décembre dernier (équipe classée première à l’unanimité du jury), aucune image n’avait filtré. C’est dire si la présentation de ce projet structurant pour la métropole nantaise était attendue.
La surprise est bonne. Dès les premières explications, le projet proposé par l’équipe Art and Build Architectes, Pargade Architecte, Artelia et Signes Paysages sonne comme une évidence. Le principe d’organisation est fondé sur un plateau technique central (centres opératoires et imagerie) relié à des blocs «satellites» comme l’entrée principale à l’Ouest, les urgences et les soins critiques au Nord, les hébergements au Sud ou la logistique à l’Est. Une grande allée-jardin part du hall principal et dessert les halls publics des cinq pôles hospitalo-universitaires. Cette organisation favorise l’accessibilité tout en permettant une bonne hiérarchisation des flux avec les piétons au rez-de-chaussée et les malades couchés au 1er étage.
«L’hôpital de demain se doit d’être en phase avec la société et les tendances de fond qui l’animent, de comprendre l’évolution du rapport de l’homme à sa santé, des nouvelles pratiques médicales et des soins qui en découlent. Ce postulat a influencé sa conception, depuis l’administration du patient jusqu’à la sécurisation des approvisionnements logistiques» explique Charlotte Pijcke, architecte chez Art and Build.
Projet urbain
Conçu comme un projet urbain qui s’inscrira dans un véritable quartier hospitalo-universitaire de centre-ville, cet hôpital tranche avec les équipements de même type construit ces dernières années. L’espace public est l’un des composantes essentielles de ce nouvel hôpital qui est conçu pour être ouvert sur la ville. Nécessairement hermétique en son cœur (noyau technique), l’équipement s’ouvre progressivement à mesure que l’on s’éloigne de son centre. Toutefois, pour des raisons de sécurité, il pourra être partiellement clos, notamment la nuit.
«Nous avons toujours eu à cœur que le CHU soit conçu comme le moteur de l’île de Nantes et non pas un monstre comme certains ont pu le craindre» explique Marcel Smets, urbaniste en charge de l’île de Nantes. «Nous avons tout de suite adhéré à cette idée avec un maillage de rues, de places, de jardin» complète l’architecte Jean-Philippe Pargade, qui signe avec Caroline Rigaldies un point de vue sur l'hôpital du futur.
De fait, les architectes ont su intégrer cette construction géante (225 000 m2 sur une emprise totale de 10,1 hectares) dans le projet urbain. Pas d’immeuble de grande hauteur mais une différenciation des hauteurs; des discontinuités et des perméabilités visuelles; un front bâti en recul par rapport à la limite du périmètre…
Le nouvel hôpital présente des façades urbaines qui accompagnent les alignements de l’îlot définis par les urbanistes. Mais chaque façade sera spécialisée pour créer des identités architecturales et faciliter l’orientation des usagers et des professionnels. Ainsi, chaque point d’entrée possédera sa propre identité.
Performances ambitieuses
Côté technique, les performances énergétiques envisagées sont ambitieuses avec une consommation prévue de 150 KWh/m2/an (contre 400 en moyenne aujourd’hui). «Nous allons utiliser le réseau de chaleur, mais aussi de la géothermie sur nappe et des pieux énergétiques» détaille Sonia Lugassy, chargée du développement du secteur de l’ingénierie et des marchés publics chez Artelia Bâtiment & Industrie. Le bâtiment devrait privilégier l’usage du bois, en façade notamment. Enfin, sachant qu’un lit consomme 600 litres d’eau par jour, une attention toute particulière sera accordée à cette question.
Ci-dessous, le projet pour l'hôpital de l'Île de Nantes en vidéo
Les architectes belges Art and Build retenus pour le CHU de l’île de Nantes
Quatre équipes en lice pour le futur CHU de l’île de Nantes
Point de vue de Jean-Philippe Pargade et Caroline Rigaldies : « Vers un nouveau modèle d’hôpital »
Le projet du CHU en brefLes grandes étapes à venir
2016/2018 : Études, avant-projet sommaire, avant-projet détaillé, consultations des entreprises
2018 : Début des travaux de la phase 1 (court séjour adultes, ...)
2022 : Début des travaux de la phase 2 (activités femme-enfant et Samu-Smur)
2023 : Ouverture des bâtiments de la phase 1 du projet
2026 : Ouverture des bâtiments de la phase 2
Les chiffres clés
– une emprise totale de 10,1 hectares
– une surface totale de 225 000 m2 dans œuvre
– 1 384 lits et places, dont 257 lits de soins critiques (réanimation et soins intensifs)
– 58 salles de bloc opératoire, réparties en trois centres opératoires
Les coûts
– 650 millions d’euros de coût global de travaux de construction du CHU (*en valeur initiale)
– 976 millions d’euros de coût global (toutes dépenses confondues y compris équipements)
Sources de financement
– État (subventions et exploitation) : 225 millions d’euros soit 23.05%
– CHU 76.95% : autofinancement CHU: millions d’euros soit 33.2% / emprunt CHU : 427 millions d’euros soit 43.75%
Le CHU en 2015
– montant des recettes annuelles (montant 2014) : 835 millions d’euros
– effectif : 12 056 professionnels (73% impacté par le déménagement)
– montant annuel consacré à l’investissement sur une année classique : 60 millions d’euros
Nantes réinvente l’hôpital pavillonnaire de centre-ville
Tous les champs sont obligatoires
0Commentaire
Réagir