"Sur le début 2015, nous constatons une baisse très nette du niveau des prix", Nathanaël Cornet-Philippe, président du Sned

Nathanaël Cornet-Philippe, président du syndicat national des entreprises de démolition (Sned-FFB), s'inquiète de la chute du niveau des prix début 2015. L'organisation tient ses "Rencontres des métiers", les 29 et 30 mai, à Lyon, au cours desquelles un nouveau président sera élu. Nathanaël Cornet-Philippe est seul candidat.

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Nathanaël Cornet-Philippe est président du Sned.

Comment s’est soldée l’année 2014, pour les adhérents du Syndicat national des entreprises de démolition ?

Nathanaël Cornet-Philippe : Nous effectuons une enquête annuelle auprès de nos adhérents. Il en ressort qu’en 2014, l’activité globale dans nos trois métiers (démolition, désamiantage et sciage/carottage de béton) a augmenté de 5% (+11% en 2013). Dans le détail, les démolisseurs ont vu leur activité augmenter de 0,7% en 2014 (+6% en 2013), les désamianteurs de 15% (+20% en 2013) et les scieurs-carotteurs ont vu leur chiffre d’affaires chuter de 17% (+4% en 2013).

Qu’en est-il pour 2015 ?

N. C.-Ph. : Sur les premiers mois de l’année, nous ne constatons pas d’effondrement des volumes, mais une baisse très nette du niveau des prix. Aucun d’entre nous n’a beaucoup de visibilité sur la manière avec laquelle ils vont évoluer. Les maîtres d’ouvrage tirent profit de la situation - et c’est de bonne guerre - en faisant jouer la concurrence au maximum. L’activité désamiantage se tenait encore, mais depuis quelques mois les entrepreneurs se plaignent eux aussi des prix. Il en résulte que nous sommes plutôt crispés en ce moment.

Ne sentez-vous pas de signes de reprise, évoqués ici ou là ?

N. C.-Ph. : Nous espérons bien sûr que la reprise se dessinera le plus rapidement possible, mais pour l’instant nous ne voyons rien venir.

Quels vont être les sujets principaux que vous allez évoquer avec vos adhérents, les 29 et 30 mai, lors des « Rencontres des métiers du Sned », à Lyon ?

N. C.-Ph. : Nous menons plusieurs combats, et nous tiendrons nos adhérents informés de leur évolution. Nous souhaitons notamment que les maîtres d’ouvrage soient conscients des responsabilités qui leur incombent concernant le recours illégal à des travailleurs détachés ou à des entreprises étrangères. Notamment dans l’activité carottage/sciage où se profile une généralisation de l’utilisation de salariés intérimaires étrangers. L’une de nos tables rondes portera sur ce sujet. L’inspection du travail interviendra et un juriste de la Fédération française du bâtiment nous détaillera ce qui est autorisé ou non en matière de détachement.

L’activité désamiantage, particulièrement technique, est-elle touchée par la concurrence déloyale ?

N. C.-Ph. : Oui, mais de la part d’entreprises qui désamiantent sans respecter la réglementation ; ou encore de la part d’entreprises qui font passer en sous-section 4 (intervention sur des matériaux susceptibles de dégager une émission de fibres d’amiante) des travaux qui devraient relever de la sous-section 3 (retrait ou encapsulage d’amiante).

Les nouveaux logigrammes publiés en mars 2015 par la direction générale du travail n’ont-ils pas permis de clarifier la situation concernant le distinguo sous-section 3/sous-section 4 ?

N. C.-Ph. : Ils ont effectivement permis de préciser un certain nombre de points. Mais cela n’est toujours pas une science exacte. Nous manquons de critères objectifs pour clairement effectuer la distinction. Le flou existe également en ce qui concerne l’amiante-actinolite, présent dans certains enrobés, et les travaux de démolition ou de désamiantage en extérieur – des poussières d’amiante-actinolite pourraient faire courir un risque aux riverains. Nous souhaiterions savoir quelle est la réglementation à suivre dans ce cas, et que celle-ci s’applique de la même manière pour tout le monde. Cette réglementation devra être efficiente, mais rester raisonnable, pour ne pas inciter certains à ne pas la respecter.

Vous tiendrez également, lors de vos « Rencontres des métiers », un débat sur la métrologie, c’est-à-dire la manière avec laquelle sont réalisés les prélèvements à partir desquels l’on vérifie la présence d’amiante.

N. C.-Ph. : C’est effectivement un sujet extrêmement sensible, actuellement en discussion avec les laboratoires et la direction générale du travail. Nous estimons qu’il n’est pas forcément utile de réaliser des analyses qui ne servent à rien. Nous militons pour un plus petit nombre d’analyses, mais effectuées de manière plus pertinente.

Les laboratoires d’analyse des prélèvements sont-ils toujours engorgés ?

N. C.-Ph. : Oui, même si le nombre de laboratoires agréés a augmenté, nous sommes toujours dans cette situation qui peut bloquer des chantiers.

Est-ce que la filière est prête pour l’abaissement, au 1er juillet prochain, de la valeur limite d’exposition professionnelle à l’amiante de 100 à 10 fibres par litre ?

N. C.-Ph. : Pour nous, entreprises, cela ne sera pas une révolution. Mais il y a une problématique en termes de coûts puisque l’abaissement de la VLEP se traduit par une réévaluation des moyens de protection individuelle et collective au sein des différents niveaux d’empoussièrement. Nous attendons également les résultats d’une étude de l’Institut national de recherche et de sécurité (INRS) sur la performance des masques respiratoires qui pourraient conduire à la modification des niveaux d’empoussièrement réglementaires.

Le Sned lancera cette année son premier prix de l’innovation. En quoi consiste-t-il ?

N. C.-Ph. : Ce prix est destiné à accompagner la démarche de mécanisation de nos métiers et de diminution de la pénibilité. En démolition, la mécanisation est entrée dans les mœurs depuis une vingtaine d’années. En désamiantage, le durcissement de la réglementation rend rentables des solutions mécaniques. Mais il reste du travail d’innovation à réaliser, notamment pour désamianter mécaniquement les zones étriquées, les coins… Cette année, le jury du prix était constitué du Sned, du Syndicat des équipements pour la construction, les infrastructures, la sidérurgie et la manutention (Cisma) et de l’Organisme professionnel de prévention du BTP (OPPBTP). Sur une vingtaine de dossiers, nous avons sélectionné trois candidats (As Protek, Hilti et XL France). Ce seront les adhérents qui éliront le lauréat. Nous comptons maintenir ce prix chaque année.

Ces dernières années, vous vous êtes plaint du fait que les diagnostics amiante étaient souvent mal faits. Comment évolue la situation ?

N. C.-Ph. : C’est malheureusement toujours le cas. Notre discours est entendu par les acteurs, mais le problème de la compétence des diagnostiqueurs est loin d’être réglée. Il faudrait que les maîtres d’ouvrage soient davantage conscients de leurs responsabilités, et qu’ils fassent appel aux diagnostiqueurs les plus compétents, qui sont souvent les plus chers. Il est rare, parallèlement, que les maîtres d’œuvre aient une bonne connaissance de l’amiante. Tous les acteurs de la construction ont intérêt à ce que ces diagnostics soient bien réalisés, car le pire, c’est de découvrir de l’amiante pendant les travaux. Je tiens à noter que ces remarques tiennent aussi en ce qui concerne les diagnostics déchets.

Au sujet des déchets, le Sned a d’ailleurs développé un logiciel baptisé Ivestigo, visant à aider les entreprises à remplir plus facilement leurs obligations de traçabilité des déchets de chantiers.

N. C.-Ph. : Ce logiciel, Ivestigo, est effectivement disponible gratuitement pour nos adhérents. C’est un logiciel de gestion et de traçabilité des déchets. Au-delà du fait de vouloir aider nos adhérents à respecter la réglementation, nous comptons exploiter les données de synthèse qui nous permettront de mieux évaluer les volumes de déchets qui sont traités sur les chantiers. Nous manquons d’informations à ce sujet.

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